Comme chaque année, le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. Ici et ailleurs, le combat des femmes se poursuit non pas pour préserver certains acquis, mais pour aller de l’avant, sauf que la question déterminante aujourd’hui est : avons-nous réussi à sauvegarder ces droits ou la situation des femmes tunisiennes s’est-elle détériorée?
Plus encore, le chômage des femmes a-t-il baissé ? Autant de questions qui nous laissent perplexes. Car il faut se rendre à l’évidence que le combat est loin d’être fini pour parvenir à une égalité parfaite ou briser le plafond de verre, comme disait Françoise Giroud : “La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où à un poste important on désignera une femme incompétente”.
Des années plus tard, qu’en-est-il de leur situation en Tunisie? Nous avons contacté Faouzi Ben Abderrahmane pour faire le point sur la participation des Tunisiennes dans la formation professionnelle et dans l’employabilité…
Il estime, en tant qu’ancien ministre de la Formation professionnelle, que la situation de la femme tunisienne, aussi bien au niveau de l’emploi qu’à celui de la formation professionnelle, n’a pas changé depuis 2018. Tout en soulignant qu’au contraire elle s’est détériorée. Et ce, en raison de la hausse du taux de chômage des diplômées de l’enseignement supérieur, atteignant 32%. Autrement dit, un jeune diplômé sur trois se retrouve au chômage.
Au fond, la question que l’on pose sans la poser est : d’où vient cet écart ou simplement cette discrimination? A cette interrogation, notre interlocuteur a mis l’accent sur le rôle qu’a joué l’Etat tout au long des dix dernières années en gelant le recrutement dans la fonction publique.
Et pour revenir à la formation professionnelle, l’ancien ministre précise que dans certaines disciplines, les femmes sont quasi absentes. Pour la simple raison qu’elles sont très minoritaires. Alors que dans d’autres disciplines, l’emploi n’est pas garanti, comme dans la filière textile, par exemple. Tout comme il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu tels que des raisons sociales ou culturelles
Avant d’ajouter que si on veut se comparer au niveau de l’emploi dans la région, on trouve que la Tunisie a le salaire le plus bas, comparée à d’autres pays similaires… Tout cela pour dire que ce n’est pas lié au coût de la vie, mais au pouvoir d’achat qui a baissé…
Entre-temps, au-delà de la situation des femmes en milieu urbain, il est d’autant plus important de lever le voile sur ce qui se passe en milieu rural. A titre d’exemple, nous avons des secteurs, comme l’agriculture, dans lesquels les qualités de la femme sont véritablement sous-exploitées…
Et de conclure: « Les solutions existent… Il faut que les femmes bénéficient d’une couverture sociale, et il faut les payer par chèque et non plus en espèces; le problème sera ainsi résolu… Par-dessus tout, leur garantir un transport digne et sécurisé. En d’autres termes, il faut libérer l’importation des équipements de transport collectif pour permettre à de petites sociétés rurales de se constituer pour transporter dignement les femmes. Car une société rurale ne peut en aucun cas acheter un minibus à 250 mille dinars, mais plutôt à 20 mille euros à l’étranger. Les solutions sont simples, il faut que l’Etat ou plutôt l’administration tunisienne, qui fait partie du problème, lève la main sur l’économie ».
En somme, après plus de soixante-cinq ans d’indépendance, certains problèmes restent non résolus dans le 21e siècle, serait-ce par omission ou par absence de volonté ? Car comme on dit : qui veut, peut…