La question de la migration subsaharienne alimente à ce jour la toile. D’ailleurs, une vague de colère s’est étendue aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur, a dressé un état des lieux de la situation géopolitique que connaît la région.
Il estime via son post que « l’Afrique, Etats et institutions, s’alarme des implications du discours officiel tunisien au sujet de la migration subsaharienne et du climat de peur qui règne chez les ressortissants subsahariens en Tunisie quelle que soit leur situation au regard de la loi tunisienne et des chartes et conventions internationales régissant le séjour des étrangers ».
Et de poursuivre: « Si l’Afrique prend au sérieux ce qui se passe en Tunisie, celle-ci gagnerait en retour à ne pas balayer du revers de la main cette vague de colère qui monte progressivement en Afrique et au-delà, en se réfugiant derrière l’alibi de l’incompréhension pour essayer vainement de justifier l’injustifiable. La migration est primordialement un constat d’échec des politiques publiques et un refus populaire exprimé par le sentiment de désespoir et la quête d’une deuxième chance ailleurs ».
Selon lui, au lieu de nous réunir avec les autres Etats africains pour essayer de trouver des solutions à cet échec commun, car la Tunisie est également un grand émetteur de migrants potentiels et effectifs, il serait vain de s’enferrer dans des dénégations plus ou moins crédibles en maintenant des pratiques administratives et populaires peu défendables et parfois carrément condamnables.
Il précise à cet effet: « Ce qui peut être considéré en Afrique comme un double langage pourrait donner lieu à une volonté de réhabilitation des gouvernements africains aux yeux de leurs peuples pour faire de la Tunisie un bouc émissaire et la source de leurs maux lors des prochaines réunions africaines ».
Par ailleurs, Elyes Kasri part du constat qu’il n’est pas à exclure que « certaines parties exploiteront cette frustration africaine pour faire payer à la Tunisie sa trop grande proximité diplomatique avec l’Algérie, pour ne pas dire alignement, et ses positions anti-marocaines et anti-israéliennes ».
En outre, il met l’accent sur l’importance de noter que la vague de migration illégale subsaharienne en Algérie et en Tunisie s’est subitement accélérée à la faveur de la campagne diplomatique. Tout en ajoutant: « Celle-ci a abouti au rejet par l’Union africaine de l’initiative de la présidence de la commission d’octroyer le statut d’observateur à l’État d’Israël ».
Enfin, il conclut: « Il est utile de noter que la présidence de la commission africaine a été la première à publier un communiqué virulent à la suite de la publication de celui de la présidence de la République tunisienne au sujet de la migration subsaharienne.
Au-delà des droits de l’homme, la politique et les enjeux stratégiques semblent entraîner la Tunisie dans un tourbillon dont elle se passerait dans cette conjoncture délicate. L’intelligence politique et surtout le patriotisme, en tant que recherche du bien collectif, consistent à éviter les écueils et les vents défavorables ».