Des rapports de renseignement indiquent que près de 700 000 migrants se trouvent en Libye dans l’attente d’une opportunité de partir par la mer vers l’Italie. C’est ce qu’a déclaré un parlementaire du parti d’extrême droite du Premier ministre italien Giorgia Meloni. Mais un responsable des migrations de l’ONU a qualifié ce chiffre de non crédible.
Tommaso Foti, le parlementaire du parti des Frères d’Italie, a déclaré hier à la chaîne de télévision Tgcom24 que les services secrets italiens estimaient que 685 000 migrants en Libye, dont beaucoup dans des camps de détention, étaient impatients de traverser la mer Méditerranée centrale dans des bateaux de passeurs.
Mme Meloni espère qu’une réunion de l’Union européenne plus tard ce mois ci apportera une solidarité concrète de la part des autres dirigeants des pays de l’UE dans la gestion du grand nombre de migrants et de demandeurs d’asile qui se rendent dans les pays riverains de la Méditerranée, notamment la Grèce, Chypre, Malte et l’Espagne et l’Italie. « L’Europe ne peut pas détourner le regard », a déclaré M. Foti.
Alors que l’évaluation des services de renseignement a fait la une des journaux alarmants en Italie, un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations a averti que le chiffre semblait confondre le haut du nombre estimé de migrants en Libye avec ceux qui cherchaient réellement à se diriger de là vers l’Europe.
Déclarations alarmistes
« Ce chiffre semble être une estimation, que nous donnons également, de la présence totale en Libye ». Ainsi déclarait encore Flavio Di Giacomo à l‘Associated Press à Rome.
Mais de ce nombre « seule une partie minimum veut partir et seule une partie minimum réussit à partir » pour l’Europe, a déclaré M. Di Giacomo. Par exemple, de nombreux migrants en Libye viennent du Niger et du Tchad, deux pays africains situés à la frontière sud de la Libye, et finissent par retourner dans leur pays d’origine, a-t-il ajouté.
L’estimation des services de renseignement italiens « est la dernière d’une longue série d’alarmes que nous avons vues au cours des 10, 12 dernières années, qui se sont avérées erronées », précise M. Di Giacomo. « Ce chiffre ne semble pas absolument crédible. »
Depuis le début de cette année, jusqu’au 10 mars, quelque 17 600 personnes sont arrivées, dont quelques milliers qui ont débarqué dans les ports italiens ces derniers jours. C’est environ le triple du nombre pour la même période au cours de chacune des deux années précédentes. Bien que la pandémie de COVID-19 ait pu entraîner moins de voyages.
Quel que soit le nombre de migrants partis de Libye sur des bateaux de passeurs, « c’est un flux humanitaire inquiétant car des gens meurent en mer », poursuit le porte-parole de l’OIM, Flavio Di Giacomo.
En effet, l’agence onusienne pour les migrations estime qu’environ 300 personnes sont mortes cette année, ou portées disparues et présumées mortes. Et ce, après avoir tenté de traverser la périlleuse route de la Méditerranée centrale.