Tollé dans les Territoires palestiniens et les pays arabes suite aux propos incendiaires du ministre des Finances de Benyamin Netanyahou, Bezalel Smotrich. Selon lesquels « il n’y a pas de peuple palestinien et que celui-ci est une invention ». Enorme manipulation de la vérité historique au profit d’une idéologie religieuse d’un autre temps qui tente de réécrire l’histoire à sa façon.
Bezalel Smotrich voulant mettre à feu et à sang les territoires palestiniens occupés en ce mois sacré de ramadan, il ne s’y prendrait pas autrement!
En effet, le ministre des Finances israélien, issu de l’extrême droite suprémaciste, également chargé des affaires civiles en Cisjordanie, aura tenté d’effacer d’un trait de plume vengeur l’existence du peuple palestinien. Comme si le peuple « élu » qui était lui-même victime de l’holocauste cherchait à dépouiller un peuple de sa propre identité. Terrible leçon d’histoire : la victime qui se transforme en un implacable bourreau…
« La vérité biblique », comme unique argument
En effet, lors d’une visite privée la semaine dernière à Paris, diffusée en direct sur Facebook et largement relayée ensuite sur les réseaux sociaux, Bezalel Smotrich, un homme politique à la tête du Parti sioniste religieux, nommé en parallèle à la fin du mois de février dernier en tant que responsable de l’administration civile des colonies de Cisjordanie occupée, exhibait une carte du « Grand Israël ». Celle-ci inclut non seulement la Cisjordanie, mais aussi le Royaume de Jordanie, avec lequel Israël a pourtant un traité de paix.
Négationnisme
Lors de son intervention lors d’un service commémoratif à Paris pour Jacques Kupfer, militant de droite du Likoud et membre du conseil d’administration de l’Agence juive, le ministre israélien exprima sans sourciller le fond de sa pensée. Et ce, en affirmant la main sur le cœur qu’ « il n’y a pas de Palestiniens, car il n’y a pas de peuple palestinien ». Ajoutant doctement que le peuple palestinien n’était qu’une « invention d’il y a moins de 100 ans ». Et que les « vrais palestiniens » étaient lui et ses grands-parents. Notamment sa grand-mère, « née il y a 100 ans dans la ville de Metula, dans le nord d’Israël ». « Existe-t-il une histoire ou une culture palestinienne? » s’est-il également interrogé?
« Il y avait des Arabes au Moyen-Orient qui sont arrivés en Terre d’Israël en même temps que l’immigration juive et le début du sionisme. Après 2 000 ans d’exil, le peuple d’Israël rentrait chez lui, et il y avait autour de nous des Arabes qui n’aimaient pas cela ». Alors que font-ils?
Tout simplement selon lui, « ils inventent un peuple fictif sur la terre d’Israël et revendiquent des droits fictifs sur la terre d’Israël juste pour combattre le mouvement sioniste ». Rien que cela.
Sur quoi le tribun se base-t-il pour énoncer « cette vérité historique » ? Evidemment, sur « la vérité biblique », en l’occurrence l’Ancien Testament dont l’écriture se situe entre le VIIIe et IIe siècle av. J. C.
« Cette vérité doit également être entendue par le peuple juif dans l’État d’Israël qui est un peu confus. Cette vérité doit être entendue à la Maison Blanche à Washington. Le monde entier doit entendre cette vérité parce que c’est la vérité – et la vérité gagnera », a poursuivi Smotrich.
« Le paradis sur terre », selon Smotrich
D’autre part, invitant les communautés arabes d’Israël, « à cesser de cracher dans le puits auquel elles s’abreuvent », le responsable israélien rappelle, selon sa version des choses, que « l’État d’Israël est un miracle, l’économie israélienne est un miracle. Nous faisons du bien à tous les habitants du pays, juifs et non-juifs. Regardez autour de vous, dans les 22 pays à majorité musulmane, y a-t-il un autre pays où les gens vivent aussi bien? Un pays moderne avec une économie en développement, avec la liberté de religion, la liberté d’expression… Il n’y a pas de pays comme celui-ci dans le monde. Cessez de combattre l’État d’Israël et le peuple d’Israël. Vous perdrez et nous gagnerons parce que le Saint, béni soit-il, est avec nous », a conclu Smotrich.
A noter que ces propos ont été tenus quelques heures après que les délégations d’Israël et de l’Autorité palestinienne se sont réunies à Charm el-Cheikh, en Égypte ; et ce, afin de désamorcer les tensions à l’approche du Ramadan. Sachant que depuis le début de l’année, plus d’une centaine de personnes, en grande majorité des Palestiniens, ont été tuées dans des affrontements ou des attentats.
Ces propos inconsidérés ont-ils été prononcés par un simple illuminé disant tout haut ce que pense la frange la plus extrémiste droitière de la société israélienne?
Golda Meir, alors premier ministre, n’avait-elle pas déclaré en 1969, deux ans après la guerre des six jours, que : « Les Palestiniens n’ont jamais existé ». Ajoutant avec mépris : « Comment pourrions-nous rendre les territoires occupés? Il n’y a personne à qui les rendre ».
Pour les Palestiniens, il y a des blessures qui ne guérissent jamais, mais qui les gardent vivants.