« Mieux vaut tard que jamais ». On a fini par communiquer après une douzaine de jours durant lesquels on signalait « zéro activité publique du Chef de l’Etat » et zéro communication.
Il faut dire que le problème ne résidait pas, en effet, dans cette absence. Dans le sens où il est normal et logique que toute personne puisse tomber malade ou être victime d’un malaise de santé; ou encore, tout simplement, avoir besoin d’une certaine période de repos. Mais le hic, c’était l’absence totale de toute information. Ce qui constitue une anomalie en matière de gestion de la communication. Il s’agissait d’un vrai black-out de la part des autorités officielles.
Cette anomalie a fini par créer et alimenter les rumeurs les plus folles et les pires extrapolations dont on pouvait se passer. Et ce, s’il y avait eu une vraie cellule de communication via le cabinet présidentiel au Palais de Carthage.
Absence d’information officielle et propagations des rumeurs les plus fantaisistes
D’ailleurs, il s’est avéré qu’il s’agissait d’un anodin ennui de santé, voire un simple rhume. Comme l’insinua, indirectement, le Président Kaïs Saïed en personne, lors de son speech prononcé face à la Cheffe du Gouvernement, Najla Bouden.
C’est dire que sans le « dysfonctionnement de communication », il n’y aurait eu ni rumeurs, ni intox, et encore moins l’apparition des scénarios les plus fantaisistes. Ce qui aurait fait éviter le risque de poursuites judiciaires à tous ceux qui ont propagé les « fausses nouvelles ». Au nombre desquels on retrouve des médias, des politiciens et autres auteurs de statuts sur les réseaux sociaux à travers Facebook; tous faisant miroiter le recours au fameux article 54.
Le Chef de l’Etat parle enfin aux représentants des médias
Puis, suite à une « pause » de 24 heures, le Chef de l’Etat s’est rendu, comme officieusement annoncé, à Monastir jeudi 6 avril 2023. Et ce, pour la cérémonie de commémoration du 23ème anniversaire du décès du Leader Habib Bourguiba. Cérémonie au cours de laquelle il a prononcé un discours relativement long, clôturé par une courte séance d’échange avec les journalistes présents sur les lieux.
Il s’agit d’une « première » ou presque, dans la mesure où, même s’il a éludé certaines questions, il a répondu à bon nombre d’autres interrogations. Avec le mérite d’être clair et direct dans ses réponses. Ainsi, ses réponses ont été marquées par trois « niet » brefs et nets dont on n’a pas fini de parler.
Trois dossiers majeurs et trois « niet » présidentiels
Le premier point en question a trait à la conclusion de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Pour exprimer, enfin, sa position, il n’y est pas allé par quatre chemins pour dire qu’il s’opposait aux « instructions dictées de l’étranger et qui portent atteinte à la souveraineté nationale de la Tunisie ».
Et contrairement aux précédentes fois, le Président de la République a réaffirmé que les Tunisiens n’ont d’autres options que celles de compter sur leurs propres moyens. Et tout en laissant entendre qu’il ne prévoit nullement la levée des compensations. Une mesure appliquée en 1984 et qui causa les graves émeutes du pain et entraîna le décès de plusieurs Tunisiens, lors des manifestations tenues en opposition à cette décision.
Les banques étrangères « doivent » restituer l’argent aux Tunisiens
Et selon Kaïs Saïed, les biens spoliés et détournés permettront de sortir le pays de la crise. D’où son appel aux banques étrangères à restituer l’argent en leur possession. « Pour quelle raison l’étranger refuse de nous restituer notre argent ? ». Ainsi s’est-il écrié en substance, avant d’affirmer que des individus désirant profiter de la conciliation pénale ont fait l’objet de chantage.
Concernant, toujours, ce point, il faudra attendre la réaction du Gouvernement de Najla Bouden. Lequel a précisé, à maintes reprises, qu’il n’avait pas d’autre plan « B » que celui de l’accord avec le FMI. Et ce, pour mobiliser les ressources financières au cours des deux années budgétaires 2022 et 2023.
« Pourquoi un dialogue national ? Le parlement est bien là… »
Interrogé sur le dialogue national comme le propose le Quartet conduit par l’UGTT, le Chef de l’Etat a émis une fin de non recevoir. En précisant le pays n’en a nullement besoin puisqu’il dispose, désormais d’un parlement!
Quelles réactions auront les composantes, auteurs de l’initiative dont l’un des membres, en l’occurrence la LTDH vient d’annoncer la publication du projet de ce dialogue de sauvetage dans un délai d’une semaine?
Après avoir carrément esquivé la question sur la mise en place de la Cour Constitutionnelle, Kaïs Saïed est resté évasif sur la tenue de la prochaine élection présidentielle. En effet, sans apporter de réponse franche, il a indiqué que bien entendu, il y aura des élections, sans se prononcer sur les délais et les modalités.
Attitude évasive à propos de la prochaine élection présidentielle
Et tout en indiquant qu’il n’a pas encore réfléchi à une éventuelle candidature, car il est encore trop tôt pour y penser, le Chef de l’Etat a précisé qu’en tout état de cause il n’est pas question pour lui de céder le pouvoir à des personnes sans « patriotisme » !…
Est-ce à dire qu’il va y avoir des conditions posées aux candidatures de façon à exclure certaines personnes de la participation au scrutin? Des précisions devraient être, en tout cas, apportées pour clarifier ce point déterminant pour la suite de la vie politique en Tunisie.
Entretemps, la situation socioéconomique dans le pays reste très indécise avec une recrudescence des difficultés. Ce qui laisse présager un avenir proche très complexe sans perspectives claires quant aux moyens de sortie de crise. On doit cela, encore une fois, à ce mal, devenu endémique, qu’est la carence en communication. A savoir une condition sine qua non pour l’instauration du climat de confiance entre gouvernants et gouvernés. Laquelle contribue, à son tour, à l’émergence de la paix sociale…