En Tunisie, faire face à la dette publique interne et externe n’est pas une mince affaire. Car les enjeux sont de taille. Et certaines voix appellent à l’idée de renoncer au remboursement de la dette contractée après 2011. Alors que la Tunisie a toujours honoré ses engagements. Qu’en est-il réellement?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique, souligne via un post qu' »aux yeux des donateurs occidentaux et des institutions financières internationales, les véritables détenteurs des leviers de l’économie en Tunisie, à savoir les rentiers sociaux, la bureaucratie archaïque et des fois corrompue et les familles qui contrôlent la production, la distribution et la finance, n’ont pas changé. Et ils ont peut-être même renforcé leur emprise sur l’économie et d’autres secteurs comme la presse et la politique. Et ce, pour s’opposer à tout véritable changement et toute réforme profonde et crédible de l’économie tunisienne. »
Il précise à cet effet : « De plus, le paysage politique en Tunisie donne la forte impression d’un déficit démocratique par rapport à celui de 2011 à 2021. Là encore, même si le débat est permis et les carences de cette démocratie qui en est devenue une mauvaise caricature sont évidentes en Tunisie, la communication à l’intérieur et à l’étranger a été, il faut le reconnaître, défaillante et a laissé germer une perception négative de la présente situation politique en Tunisie. Commençant par la presse et la société civile, cette perception a été relayée par les partis politiques et les institutions parlementaires américaine et européenne, pour finir avec le pape François. »
La perception de la situation politique et économique en Tunisie
Selon lui, « il faut reconnaître que la perception de la situation politique et économique en Tunisie est négative en Europe et aux Etats-Unis et par conséquent parmi les pays du G7. »
Puis, il poursuit : « Aussi, l’argument de la dette odieuse risque de fermer les rares portes qui restent entrebâillées pour sauver la Tunisie du défaut de paiement. Et ce ne seront pas les fanfaronnades de rejoindre le BRICS ou de se jeter dans les bras de la Chine qui sauveront la situation. En fait, cette gesticulation qui a tout l’air d’une fanfaronnade naïve et infantile, risque fort d’ajouter une dimension géostratégique et sécuritaire à une crise qui gagnerait à rester purement économique. »
Et de conclure : « Les apprentis sorciers devraient penser aux conséquences de leur délire sur les générations à venir. Car ils risquent de laisser des conséquences et un souvenir pires que ceux de Mustapha Ben Ismail et de ceux qui ont fait de la Tunisie une proie facile pour les puissances coloniales au XIXème siècle. »