La demande d’un prêt de la Tunisie auprès du FMI est-elle un mal nécessaire, ou tout simplement il n’y a pas d’autres choix? Rached Bouaziz, ancien Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Nabeul et universitaire souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que « le choix de ne pas aller au FMI est possible. Toutefois si on fait le choix du FMI, il faut être cohérent. Car cela implique des conditions ».
Dans le cas de choisir de ne pas y aller il estime qu’il est nécessaire de refaire la loi de finances 2023. Il précise à cet effet: « Il faut une nouvelle loi de finance immédiatement. Ceci pour nous conduire vers une réduction des dépenses de l’investissement et des dépenses courantes. Ceci aura pour conséquence, notamment, une croissance plus faible. D’où les effets d’un plan d’austérité dans la mesure où la Tunisie ne demandera pas un prêt auprès du FMI. En revanche, l’autre condition, si on maintient le schéma classique, il est nécessaire d’avoir recours au FMI. Car il faut se mettre à l’évidence que la loi de finances 2023 s’est basée sur l’accord du FMI ».
Evoquant le plan présenté au FMI , il est important d’appliquer les réformes notamment la révision des prix de l’énergie et des hydrocarbures.
L’universitaire ajoute: « La levée des subventions alimentaires doit être accommodée par des petits ajustements sur certains produits de base, comme le sucre, le café. Plus encore, la révision des prix de l’énergie est une obligation pour que le budget de l’Etat soit plus au moins relativement viable ».
Toutefois il en va de même des réformes des entreprises publiques, en traitant le dossier cas par cas. Et de ce fait, il faut faire une annonce officielle conjointe entre le président de la République et la cheffe du gouvernement à l’échelle nationale et internationale pour annoncer les grandes lignes en termes des réformes.
Au delà des indicateurs, il faut rappeler que les réserves de change ne sont pas aussi mauvaises, indique-t-il. Tout en ajoutant: » Car historiquement durant les années 90, le niveau de réserves de change variait entre 60 et 80 jours. En d’autres termes, on a connu des périodes pires contrairement à ce qui se dit. »
Par ailleurs, le secteur de l’énergie n’est pas en reste. Rached Bouaziz met l’accent sur l’importance du rôle de l’Etat à assurer et à imposer des mesures strictes contre tous ceux qui arrêtent la production et le transport du phosphate.
En revanche, il y a également des indicateurs positifs qui favorisent la résilience économique tunisienne, via le secteur du tourisme et les TRE qui sont des atouts de relance économique du pays.
Avant d’ajouter: « Aller vers le FMI est possible si et seulement si une cohérence se manifeste en initiant la mise en place des réformes. A titre d’exemple la levée des réformes alimentaires doit se faire sur le long terme entre 7 et 10 ans. C’est à dire ajuster une levée alimentaire entre 20 et 30 millimes ».
En Tunisie, les Brics comme alternative au FMI ?
A cette interrogation, il a répondu » Nous n’avons aucun intérêt de joindre les Brics alors que sur le plan économique, la Chine est déficitaire. Et sur le plan économique, financier et militaire ce sont les USA qui demeurent la première puissance mondiale. Et puis la Chine ne veut pas s’exposer sur le plan monétaire ».