Joe Biden qui peut se targuer d’avoir réussi à faire adopter par le Congrès des projets ambitieux ayant changé en profondeur la société et l’économie américaine, parviendra-t-il à convaincre ses compatriotes de lui confier les clés de la Maison-Blanche pour quatre années supplémentaires; en dépit de son âge avancé, son handicap majeur? Un pari bien risqué.
C’était un secret de polichinelle, c’est désormais officiel. « Je suis candidat à ma réélection ». Ainsi le 46ème président des Etats-Unis, Joe Biden, 80 ans, annonça hier mardi 25 avril 2023 dans une vidéo publiée sur Twitter, sa candidature à la magistrature suprême, lors du scrutin prévu en novembre prochain. Associant l’actuelle vice-présidente Kamala Harris, il tentera de briguer un nouveau mandat et pourrait vraisemblablement à nouveau croiser le fer avec l’inévitable Donald Trump.
Respect, honnêteté, dignité
« La liberté. La liberté personnelle est fondamentale pour nous, Américains. Il n’y a rien de plus important et sacré qu’elle », a martelé l’actuel locataire de la Maison-Blanche, rappelant au passage que ses compatriotes sont « des gens bons et respectueux, qui vivent dans un pays qui croit en l’honnêteté, le respect et en la dignité des autres ».
« Nous sommes une nation qui ne laisse pas à la haine un refuge sûr. Et je crois que tout le monde est égal et devrait avoir une chance réelle et équitable de réussir dans ce pays », a-t-il encore ajouté.
Respect, honnêteté, dignité. Ces mots-clés n’ont pas été choisis au hasard puisque le candidat démocrate n’a cessé de marteler lors de son message-vidéo de trois minutes, publié à 06h00 de Washington. Lequel s’ouvre sur des images choc de l’assaut du Capitole par les partisans de l’ancien président Donald Trump, le 6 janvier 2021; comme pour opposer son visage du président rassembleur à celui de son prédécesseur, clivant par excellence.
Images choc
Le 6 janvier 2021, rappelons-le, est une date à marquer d’une pierre noire et un dangereux précédent dans la jeune démocratie américaine. En effet, pour soutenir les tentatives du candidat républicain d’annuler les résultats de l’élection présidentielle de 2020, remportée par son rival Biden, des partisans de Trump avaient pris d’assaut le Capitole. Et ce, lors d’une séance du Congrès consacrée à l’approbation des résultats de l’élection présidentielle et pour confirmer le nom du président vainqueur et de son adjoint.
Suite à l’invasion du temple de la démocratie américaine, cinq personnes sont décédées dont un policier. Au total, 52 personnes ont été arrêtées à Washington, dont 26 dans l’enceinte du Capitole.
L’âge, un handicap majeur
Or, bien que son bilan soit jugé par ses compatriotes « globalement positif », lui qui il n’a de cesse de rappeler la santé florissante de l’économie et de l’emploi, les très ambitieuses réformes adoptées à son initiative pour réindustrialiser l’Amérique, l’accélération de la transition énergétique etc. Son principal handicap est son âge.
En effet, bien qu’il se soit soumis, en novembre 2021 puis en février 2023, à des bilans de santé qui ont conclu qu’il était « en bonne santé » et « apte » à exercer ses fonctions, le dirigeant démocrate ne peut cacher devant les caméras inquisitrices sa démarche hésitante, son élocution lente et ses moments de confusion mentale. D’où la question : ses compatriotes sont-ils disposés et prêts à lui confier les clés de la Maison-Blanche jusqu’à ses 86 ans?
Des poids lourds en face
Et ce, d’autant plus que, dans l’hypothèse où son rival républicain, 76 ans, échouerait à obtenir l’investiture du Old Party, entre autres à cause de son inculpation au pénal, en plus des casseroles judiciaires qu’il ne cesse de trainer comme un boulet, le 46ème président des États-Unis risque de se trouver en lice avec des poids lourds dans le camp républicain.
En face, Mike Pence, 63 ans, ancien vice-président de Donald Trump. Un potentiel candidat en lice pour la primaire républicaine, qui, et c’est tout à son honneur, s’est désolidarisé de Donald Trump après l’invasion du Capitole.
Ou Robert Kennedy Junior, 69 ans, dont l’annonce de la candidature à l’investiture démocrate a été largement médiatisée. N’est-il pas le neveu de John F. Kennedy JFK, ancien président assassiné en 1968?
Ou encore Nikki Haley, 51 ans l’ancienne gouverneure de la Caroline du Sud et ambassadrice de l’ONU sous Donald Trump. Laquelle est la seule femme à s’être lancée officiellement dans la primaire républicaine.
Mais, selon les observateurs rompus aux arcanes du microcosme politique à Washington, c’est Ron DeSantis, l’étoile montante de la droite dure américaine et actuel gouverneur de la Floride, âgé seulement de 44 ans, qui serait le rival le plus sérieux de Joe Biden. Son principal handicap? Chasser sur les mêmes terres que Donald Trump. Est-ce pour cette raison que sa candidature n’a pas encore été rendue officielle?