Plusieurs défis sont encore à relever par les chefs d’entreprise, notamment les femmes. C’est ce qui ressort des résultats du baromètre Miqyes de la santé des entreprises dans son édition 2022 dont les résultats ont été annoncés aujourd’hui 26 avril, à Tunis.
Le baromètre réalisé du 9 janvier au 4 avril 2023 a ciblé 500 PME dirigées par des hommes et 51 PME dirigées par des femmes. Il a braqué la lumière sur les PME dirigées par des femmes. Les résultats sont bel et bien lourds de sens. En effet, 60,9% des femmes interrogées ont déclaré gérer des entreprises avec un chiffre d’affaires inférieur à 500 mille dinars. 57,5% des entreprises sondées ont eu de nouveaux clients ou de marchés, dont 56,9% des sociétés gérées par des hommes, contre 67% gérées par des femmes. Le baromètre a été élaboré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), en collaboration avec le cabinet HLB GSAudit & Advisory et l’institut de sondage One to One, Miqyes.
Cependant, 39,6% des entreprises ont perdu, en 2022, des clients ou des marchés, dont 41% sont des hommes et 32% sont des femmes. Sur un autre volet, les femmes entrepreneures enregistrent en moyenne des bénéfices 34% inférieurs à ceux de leurs homologues masculins, ont un plus faible chiffre d’affaires et emploient moins de personnes. Les intentions d’investissement ne manquent pas, d’ailleurs, 51% des entreprises sondées envisagent d’investir en 2023, dont 51,4% sont des hommes et 46,9% sont des femmes. 41% des femmes dirigeantes d’entreprises ont un niveau de Bac+5, contre 32% pour les hommes.
51,1% des entreprises ont obtenu une réponse négative pour les crédits d’investissement. Les femmes sont plus axées sur le marché local et 28,8% d’entre elles sont intéressées par l’export, contre 32,9% des hommes sondés. 59% des femmes cheffes d’entreprise ont souligné qu’il est plus difficile ou beaucoup difficile de trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
34% des entreprises ont déposé une demande de financement auprès d’une institution financière, en 2022. Pour les crédits d’investissement, 51,1% ont obtenu une réponse négative, 26,6% ont obtenu le montant demandé et 22,3% ont eu un montant partiel. En général, les femmes se sentent beaucoup plus à l’aise par rapport à l’obtention des financements, vu qu’elles demandent des montants plus importants que les hommes.
Prenant la parole, la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors, Amel Belhaj Moussa, a exprimé son optimisme quant aux perspectives de l’entrepreneuriat féminin en Tunisie. Pour elle, plusieurs indicateurs affirment notamment l’excellence des chercheuses tunisiennes à l’échelle arabe et africaine.
Lors de son intervention, elle a regretté l’absence d’une banque d’investissement en Tunisie pour accompagner les entreprises et leur faciliter l’accès au financement. Elle a pointé du doigt la nécessité de la coopération de l’administration et du système financier. De son côté, Céline Moyroud, représentante résidente du PNUD en Tunisie, a affirmé que l’essentiel est l’exploitation des chiffres et résultats de l’enquête pour un débat et l’élaboration des recommandations.