Une étude réalisée conjointement entre la Chaire de l’OMC à l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis (ESSECT) relevant de l’Université de Tunis avec l’équipe de la Chaire de l’OMC à l’Université de North West en Afrique du Sud a dévoilé des chiffres importants sur le potentiel d’exportation de la Tunisie.
Les résultats de cette étude ont été présentés par l’enseignante universitaire Leila Baghdadi lors du premier panel intitulé « La Tunisie face au basculement du monde » de la 24ème édition du Forum de l’Economiste Maghrébin tenu le 27 avril à Tunis. Il est à noter que l’élaboration de l’étude a été faite dans le cadre d’un projet de recherche bilatéral financé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en Tunisie et la Fondation Nationale de la Recherche en Afrique du Sud.
Exportation : chiffres qui interpellent
Les résultats dévoilent un potentiel de 219 milliards de dollars américains dans le monde, pour les 646 produits que la Tunisie exporte déjà, vers 160 marchés en utilisant les données de 2019. Trois régions arrivent en tête en présentant le plus grand potentiel :
-l’Amérique du Nord avec environ 53 milliards de dollars américains pour 828 produits;
-L’Europe de l’Ouest avec 52 milliards de dollars pour 2694 produits;
-L’Asie de l’Est avec 30 milliards de dollars pour 2171 produits.
L’Afrique arrive en fin du classement avec un potentiel d’exportation inexploité évalué à 2.2 milliards de dollars. L’intervenant explique que l’analyse montre que la valeur la plus élevée de ce potentiel est associée à l’Afrique du Nord avec 1 milliard de dollars pour 709 produits, suivie par la région située au sud du continent avec 459 millions de dollars pour 597 produits, tandis que le plus grand nombre d’opportunités en termes de produits est associé à la région de l’Afrique de l’Ouest avec 431 millions de dollars américains pour 1072 produits.
36 marchés africains
Au total, la Tunisie a une capacité d’exportation vers trente-six marchés africains. Le Maroc, l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigeria, la Libye présentent les plus grandes opportunités d’exportation. Au niveau sectoriel, les auteurs observent que le secteur des machines électriques présente le plus grand potentiel « inexploité », suivi par l’industrie alimentaire, le secteur des automobiles, accessoires et pièces détachées, le secteur des machines et équipement et le secteur de l’habillement.
L’enseignante universitaire affirme que « notre étude a montré que les opportunités d’expansion (il s’agit des produits déjà exportés par la Tunisie mais qui ont un avantage comparatif relativement bas) existent surtout en Afrique, suivie par l’Europe. La Tunisie a un panier de 15,379 opportunités d’expansion en Afrique. 33% de ces opportunités existent dans le secteur des machines et des équipements industriels, 15% dans les textiles, et 14% des industries chimiques ».
Qu’en est-il des marchés européens ?
En Europe, les opportunités d’expansion existent surtout en Allemagne, suivie par la France : 32% des opportunités localisés en Allemagne font partie du secteur machines et équipement ( voitures automobiles et autres véhicules à moteur principalement conçus pour le transport de personnes, pièces et accessoires de véhicules à moteur, circuits électroniques intégrés, moteurs à combustion, véhicules pour le transport de marchandises, et appareils de réception pour la télévision), 13% dans le textile et 15% dans les industries chimiques ( réactifs de diagnostic ou de laboratoire, pneumatiques en caoutchouc pour les voitures automobiles, polymères de propylène ou d’autres oléfines sous forme primaire, polyamides sous forme primaire, médicaments constitués de mélanges ou de produits non mélangés à usage thérapeutique ou prophylactique, préparations pour le lavage et le nettoyage, articles en caoutchouc vulcanisé autres que le caoutchouc dur, et antibiotiques).
De la nécessité de diversifier
En revanche, la plupart des nouvelles opportunités, et la diversification dans de nouveaux produits se trouvent en Europe, suivie par l’Asie. La Tunisie pourrait se diversifier dans 581 nouveaux produits en Europe. 17% se trouvent dans le secteur des machines et équipements ( voitures, wagons et camions de chemin de fer ou de tramway; wagons-tenders automoteurs), 15% dans le secteur des textiles et 29% de produits chimiques ( hormones stéroïdiennes, leurs dérivés et analogues structuraux ; œstrogènes et progestatifs). Ces nouvelles opportunités au niveau de produits se trouvent encore une fois en Allemagne, suivie par les Pays Bas. 18% des opportunités de diversification au niveau des produits pour l’Allemagne se trouvent dans le secteur des machines et équipement, 18% dans le textile et 29% dans les produits chimiques ( Résines estérifiées).
L’intervenante a affirmé lors de son intervention que « Nos résultats sont confirmés par les recherches faites par le centre : The Atlas of Economic Complexity (AEC), à l’Université d’Harvard ». « La Tunisie pourrait atteindre largement supérieur au taux de 4,2% de croissance et si elle arrive à établir une plus grande diversification de son savoir-faire pour produire des biens plus complexe », conclut-elle.