La faible productivité de l’économie marocaine se traduit par la prédominance d’une main-d’œuvre peu rémunérée, peu qualifiée et inadéquate. Ce qui explique pourquoi le secteur informel au Maroc absorbe environ les deux tiers de la main-d’œuvre mal rémunérée.
Le Haut-Commissariat au Plan (gouvernemental), qui produit des données sur l’économie au Maroc, le marché du travail et l’inflation, a révélé récemment que l’économie marocaine est affectée par la faible productivité de l’agriculture. Laquelle fournit environ 40 % des opportunités d’emploi. Alors qu’elle n’en contribue qu’à hauteur de 12 % à la valeur ajoutée totale de l’économie.
Le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Al-Halimi, a noté, lors de la présentation récente des résultats de la recherche sur le marché du travail, que le secteur agricole se caractérise par une baisse continue du nombre de personnes actives. Ce qui a entraîné une augmentation du volume des emplois dans le secteur des services, représentant 41,3 % de l’emploi total. Sachant que ce dernier est encore, à l’exception de quelques activités à la mode, dominé par le petit commerce et l’artisanat.
M. Al-Halimi a souligné que « la baisse de la croissance de la productivité constitue le principal défi auquel est confronté le développement économique du pays, car cette baisse, causée par des transformations structurelles lentes, une intégration limitée du secteur industriel et une redistribution inefficace du travail sur le marché du travail, provoque un ralentissement de la croissance potentielle de l’économie. »
Dans ce contexte, l’économiste marocain Radwan Al-Taweel estime que la croissance du PIB se caractérise par la fragilité. Et ce, compte tenu de la dépendance au secteur agricole, dont la valeur ajoutée est empreinte de l’instabilité et la faiblesse des opportunités d’emploi.
Selon lui, la fragilité de la croissance économique s’est caractérisée ces dernières années par des niveaux ne permettant pas la création d’opportunités d’emplois suffisantes. Ce qui a donc poussé les auteurs des recommandations du comité du modèle de développement à miser sur le déplacement de la croissance économique moyenne taux de 3 % à 6 % en cinq ans dans les dix prochaines années.
Maroc : un environnement favorable au marché non régulé
Le rapport du Haut-Commissariat au Plan confirme que la redistribution du travail entre les secteurs économiques dans sa forme actuelle n’affecte pas la structure de la production. De même qu’elle contribue à la persistance des obstacles à la productivité et à la croissance économique.
Il souligne que cela offre un environnement propice à la croissance des activités informelles qui pénètrent les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du commerce et des services. Car cela entraîne une augmentation de la proportion d’emplois informels, qui représente 67,6 % de l’emploi total.
En outre, il semble que le marché du travail ne soit pas en mesure d’absorber les nouveaux demandeurs d’emplois. En moyenne, le nombre de personnes en âge d’activité entre 2000 et 2019 était d’environ 375 000, selon Zakaria Fayez, économiste au Haut-Commissariat au Plan.
Cependant, les opportunités nettes d’emplois qui ont été créées n’ont pas dépassé en moyenne 112 000, selon M. Fayez. A cet égard, il note que l’économie nationale a enregistré entre 2020 et 2022 la perte de 75 000 opportunités d’emploi.
Enfin, le rapport rappelle que l’économie marocaine a perdu 280 000 opportunités d’emploi au premier trimestre de cette année. Une situation qui semble être due à la baisse de l’emploi dans les zones rurales, considérées comme les plus touchées par la sécheresse dans le Royaume.