La mort tragique de Nahel, un adolescent de la banlieue parisienne tué à bout portant par un policier mardi 27 juin 2023 à Nanterre près de Paris, a ravivé le sujet des violences policières à caractère raciste en France, un pays où 13 personnes sont mortes à l’issue d’un contrôle de police l’an dernier. De là la question que plusieurs observateurs de la scène française se posent non sans angoisse : La police française s’est elle « américanisée » ?
Une affaire de violence policière à caractère raciste en France qui rappelle celle de George Floyd, le jeune noir américain étouffé sous le genou d’un policier blanc aux États-Unis en 2020 ?
Certes, les circonstances ne sont pas les mêmes, ni le degré de la violence. Mais, le décès du jeune Nahel, 17 ans, issu de la banlieue parisienne, lequel a été tué à bout portant par un policier mardi à Nanterre près de Paris alors qu’il était au volant, sans permis, d’une puissante voiture et tentait d’échapper à un contrôle de routine mardi 27 juin, a mis le feu aux poudres et embrasé certaines villes françaises dont Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Montpellier ou encore Toulouse.
Réponse musclée
Un énième soubresaut des banlieues en France ? Afin de tenter d’enrayer le cycle des violences, avec son lot de pillages et de destructions qui agitent de nombreuses villes du pays pour la quatrième nuit consécutive et de crainte de contagion à de nouvelles villes, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’a pas fait dans la dentelle : couvre-feu, interdiction de manifestations « contre le racisme, les crimes et les violences policières » vendredi soir (30 juin) dans la plus part des centres urbains, arrêt des bus et tramways dans toute la France après 21H00, déploiement de blindés légers de la gendarmerie et des unités d’élite comme le RAID ou le GIGN blindés légers, ainsi que 45 000 hommes mobilisés.
Des dégâts considérables
En attendant les obsèques de l’adolescent prévues ce samedi 1er juillet 2023 à Nanterre, ville à l’ouest de Paris où vivait la victime, il est peu probable que le recours aux renforts des forces de l’ordre soit en mesure de mettre fin au cycle des violences qui secoue nombreuses villes françaises depuis mardi.
En effet, 492 bâtiments visés, 2 000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés, notamment en plein cœur de Paris, écoles et édifices publics ont été la cible de la colère de jeunes habitants de quartiers populaires et incendiés dans de multiples villes de France, rappelant les émeutes qui avaient secoué la France en 2005 après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
Au point que selon un récent sondage, pas moins de 70% de personnes interrogées approuvent l’intervention de l’armée. Du jamais vu dans l’Hexagone depuis mais 68 !
Réactions à chaud
Face à ce cycle de violences, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron, qui a écourté son séjour vendredi matin à Bruxelles, a appelé à « la responsabilité des familles ».
« Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes », a-t-il observé vendredi, accusant les réseaux sociaux d’attiser cette violence en véhiculant mots d’ordre et vidéos.
Même position de fermeté de la part du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. Lequel a réclamé une réponse pénale « rapide, ferme et systématique » à l’encontre des auteurs de violences urbaines mais aussi de leurs parents.
Pour sa part, la porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme s’est dite préoccupée par les violences qui ont éclaté, tout en demandant à la France de se pencher sérieusement sur les « problèmes de racisme et de discrimination raciale au sein de ses forces de l’ordre ». Faut-il rappeler à cet égard que selon des sondages concordants, les deux tiers de la police et des gendarmes ont un penchant pour les thèses lepénistes ?
Malaise
Pourtant, une fois n’est pas coutume, le ministère de l’Intérieur n’aura pas tenté cette fois-ci de « couvrir » le responsable de la mort du jeune adolescent ; estimant que « les conditions légales d’usage de l’arme » par le policier auteur du tir « ne sont pas réunies ». Ainsi, le policier de 38 ans a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
En effet, une vidéo authentifiée par l’AFP a montré que ce policier qui tenait le jeune Nahel en joue après une course-poursuite, a tiré à bout portant.
En conclusion, selon les observateurs avertis, le malaise des banlieues est bien plus profond. Il serait le prélude à un deuxième round de contestations sociales après l’augmentation très contestée de l’âge des retraites. Une pilule amère que les français ont encore du mal à avaler.
Bonjour M. Lakani, revoyez votre article, il n’y a eu de course poursuite comme vous le dites. La voiture était à l’arrêt lorsque le policier a tiré sur l’enfant. Heureusement, les témoignages vidéo sont là pour l’attester!