Après les retraits massifs des billets de banques durant la semaine de l’aïd, l’intensité s’est calmée comme attendue juste après la reprise. Entre le vendredi 23 juin et le vendredi 30 juin 2023, les billets et monnaies en circulation (BMC) ont augmenté de 720 MTND. Ce qui a traduit la forte mobilisation de cash par les Tunisiens lors de ces événements et les vacances estivales.
Mais ce rythme n’est qu’occasionnel. Le mardi 4 juillet 2023, la masse des BMC s’est réduite de 13 MTND. Reflétant ainsi un début de retour des liquidités vers le système bancaire et une normalisation des retraits.
Ce phénomène n’est pas nouveau et il est observé chaque année autour des fêtes religieuses. Le mois de juillet 2022, qui avait connu l’aïd de l’année en question, avait enregistré une hausse des BMC de près de 825 MTND. Ce qui semble comparable avec 2023.
Sur la période avril – juillet 2022, les retraits nets étaient environ de 1 278 MTND. Cette année, et jusqu’à la date du 4 juillet 2023, nous parlons de 2 125 MTND. Il y a une hypertrophie incontestable du cash et les encaissements ne pourraient pas remettre les comptes à l’équilibre.
Au-delà des dépenses des ménages et l’effet hausse des prix, nous avons l’impression que de plus en plus de cash est utilisée par des agents économiques. Au premier trimestre 2023, la moyenne quotidienne des retraits auprès des DAB/GAB s’est établie à 16 512 TND; contre 14 671 TND au premier quart 2022. La taille moyenne d’un retrait était de 194 TND sur les trois premiers mois 2022 et elle est passé à 197 TND cette année. La hausse provient donc d’un nombre moyen plus élevé d’opérations par carte bancaire. Lequel est de 3,5 retraits par carte au premier trimestre 2023.
Il faut avouer aussi que la décriminalisation potentielle du chèque va lui faire perdre toute crédibilité auprès des agents économiques. Déjà, et avec l’augmentation des incidents d’absence de provisions, plusieurs entreprises ne livrent plus les marchandises qu’après le traitement du chèque par leurs banques et la certitude qu’elles seront payées. Une modification du cadre réglementaire actuel, bien qu’il soit plus juste, ne fera que renforcer le recours au cash et rendra le cycle de contrôle de l’inflation plus long.
Bienvenu dans le pays où toute réforme aboutit à un effet indésirable encore plus nuisible à l’économie!