Tout accord tuniso-européen sur la gestion des flux migratoires visant à faire de la Tunisie un méga centre de rétention des migrants subsahariens demandeurs d’asile en Europe aura des conséquences. Depuis les événements de Sfax, tout le monde se demande comment les Subsahariens ont pu arriver jusqu’en Tunisie et par quels moyens?
On entend différentes versions sur le sujet. L’une d’elle serait que les Subsahariens arrivent directement de l’Algérie, à l’insu de la Tunisie. Tandis qu’une autre version contredit la première affirmant que c’est suite à un accord avec la Tunisie. Alors comment démêler le vrai du faux?
Qu’en serait-il de la Tunisie confrontée à terme à la présence de centaines de milliers d’étrangers, parqués contre leur volonté sur son territoire, et cherchant la moindre faille sécuritaire pour pouvoir tenter de rejoindre l’Europe?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique, souligne tout d’abord, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, que la Tunisie n’a pas de frontières directes avec des pays subsahariens. Ce qui crée une situation complexe et suscite des interrogations sur les motifs de ce transit sur des milliers de kilomètres en Libye et en Algérie.
Et de poursuivre : « la Libye peut se prévaloir de la faiblesse de l’Etat central et certains en arrivent à douter de sa légitimité et de son existence. Par contre, le cas de l’Algérie suscite des interrogations et des suspicions de bras de fer entre notre voisin de l’ouest et l’Union européenne par la petite Tunisie interposée, alors que celle-ci est en train de jouer un jeu dangereux avec l’Europe, nous amène à poser de vraies questions sur les véritables intentions de la direction algérienne vis-à-vis de la Tunisie ».
Il conclut : « Dans cette conjoncture volatile, il est essentiel d’évaluer sérieusement les indices concernant les équilibres mondiaux et régionaux. De même que les moyens et mécanismes permettant de servir les intérêts de la Tunisie à court et moyen termes. Loin des élans romantiques enveloppés par un brouillard pseudo-idéologique, ces questions de survie nécessitent une détermination froide et rationnelle de l’ami, du partenaire et de l’adversaire ».