Dès que le bruit de l’explosion se fit entendre, à l’aube du lundi 17 juillet sur le seul pont reliant actuellement des terres russes à la péninsule de Crimée, la chaîne publique russe « Al Qurm-24 » a diffusé un clip vidéo montrant l’effondrement d’un tronçon de la partie route du pont. Dans un geste de représailles apparent, le Kremlin a refusé, dans une décision prise quelques heures après l’attaque, de prolonger l’accord ukrainien sur l’exportation de céréales
Après l’explosion, le président russe Vladimir Poutine a appelé à renforcer les mesures de sécurité sur le pont stratégique, qui a été endommagé pour la deuxième fois suite à une attaque ukrainienne, que le maître du Kremlin a qualifiée de « nouvel acte terroriste du régime de Kiev ».
En effet, une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) a rapporté que le renseignement et la marine étaient à l’origine du ciblage du pont traversant le détroit de Kertch. « L’attaque d’aujourd’hui sur le pont de Crimée est une opération spéciale pour le SBU et la marine, et elle a été menée par des drones navals », a déclaré la source à l’AFP.
« Étant donné qu’il s’agit de la deuxième attaque terroriste contre le pont de Crimée, j’attends des propositions concrètes pour améliorer la sécurité de ce moyen de transport important et stratégique », a déclaré Poutine lors d’une réunion gouvernementale dont les débats ont été retransmis en direct à la télévision.
En octobre dernier, une énorme explosion résultant d’un camion piégé a, selon Moscou, détruit une partie du pont et tué trois personnes.
Une « crise céréalière »
Dans un geste de représailles apparent, le Kremlin a refusé lundi de prolonger l’accord ukrainien sur l’exportation de céréales, qui est vital pour la sécurité alimentaire mondiale, dans une décision prise quelques heures après l’attaque.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est empressé d’avertir que des centaines de millions de personnes dans le monde « payeront le prix » de la décision de la Russie.
De son côté, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a condamné la décision russe, la considérant comme un « nouvel acte barbare » de la part de Moscou, qui a décidé de « tenir l’humanité en otage ».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a « fermement » condamné la déclaration de Moscou, la qualifiant d' »insolente ».
D’autre part, l’Ukraine a annoncé sa volonté de continuer à exporter ses céréales par la mer Noire, que Moscou ait donné ou non des garanties de sécurité pour les navires d’exportation.
Les conditions de Moscou
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré lundi que « l’accord sur la mer Noire est pratiquement terminé aujourd’hui (hier) ». « Dès que la partie relative à la Russie (dans l’accord) sera remplie, la Russie reviendra immédiatement à l’accord sur les céréales », a-t-il ajouté.
Plus tard, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué : « Si les capitales occidentales apprécient vraiment l’initiative de la mer Noire, qu’elles envisagent sérieusement de remplir leurs obligations et de retirer effectivement les engrais et les denrées alimentaires russes des sanctions. Ce n’est que lorsque des résultats tangibles seront obtenus, et non en faisant des promesses et en donnant des garanties, la Russie sera prête à envisager de rétablir l’accord. ».
Ces positions sont intervenues quelques heures avant l’expiration de l’accord conclu à Istanbul. Cet accord conclu en juillet 2022 sur les rives du Bosphore et renouvelé à deux reprises à ce jour a permis l’exportation de près de 33 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens malgré la guerre.