Le groupe « IBEYI » composé de sœurs jumelles Naomi et Lisa-Kaindé Díaz, Cubaines vivant en France avec des origines tunisiennes, a donné, dans la soirée du jeudi 20 juillet, son premier concert en Tunisie à la 57ème édition du Festival international de Hammamet (FIH).
« On adore jouer à ciel ouvert et devant la mer », a déclaré Lisa-Kaindé au début du spectacle donné sur la scène du théâtre de plein air de Hammamet dans lequel elles étaient accompagnées de deux musiciens, un batteur et claviéristes/bassiste.
« Ici c’est le pays de notre grand-mère… On est particulièrement émues d’être parmi vous », a encore dit Liza, en s’adressant au public et à sa grand-mère qui était présente dans les gradins avec ses amies d’enfance.
Avant d’être artistes, Naomi et Lisa-Kaindé Díaz sont des sœurs et jumelles aussi issues d’un univers musical. Sur la scène du théâtre de plein air de Hammamet, elles ont eu la chance de renouer avec le pays de leur grand-mère maternelle dans une prestation qui renvoie à leurs origines métisses, entre trois continents dont l’Amérique latine, l’Afrique et le vieux Continent où elles ont toujours vécu, en France.
Leur métissage s’est traduit dans leur musique en même temps que leurs gènes qu’elles ont héritées de leur père Anga Díaz, l’ancien percussionniste du célèbre groupe cubain Buena Vista Social Club. Leur prestation était une ballade de près d’une heure et demie dans l’univers des rythmes afro-cubains. A l’image de son père, Naomi jouait également au «Cajon » l’instrument emblématique des descendants africains qui traduisait les malheurs sur les côtes de l‘Amérique latine.
Le duo propose un genre musical assez unique aux influences multiples entre sonorités soul, jazz et électroniques. Parmi les 18 morceaux interprétés, elles ont chanté en Anglais, en Espagnol et en Yoruba des chansons comme « River », de leur premier album, ou encore « Sisters 2 Sister » une ode à la sororité et la relation fusionnelle et si forte qui les unisse dans la vie comme dans la musique.
De leurs dernier album, les jumelles ont interprété « Lavandor & Red Roses » qui est une chanson d’amour écrite avec notre amie Jorah Smith », a déclaré Liza en présentant ce morceau. L’artiste britannique Jorah Smith qui est auteure compositrice-interprète est également une métisse aux origines jamaïcaines de part sa mère.
Le duo de sœurs qui évolue dans une carrière artistique remarquable entamée il y a plus d’une décennie, a choisi de créer un groupe qui s’appelle «Ibeyi ». De leur amour pour la musique est née l’appellation de cette formation musicale signifiant « Jumelles », une expression en Yoruba qui est la langue des descendants africains à Cuba.
Autour de leur vision de métissage, les sœurs avouent l’avoir vécu « très mal, notamment durant la période de l’adolescence, évoquant cette envie de s’assimiler au monde ». S’exprimant dans une déclaration à l’agence TAP à l’issue du spectacle, elles s’accordent à dire qu’ « avec le temps, on se rend de combien de richesse et de culture ça apporte ».
Les deux sœurs qui sont en parfait accord affichent leur fierté de ce métissage qui alimente leur créativité et leur donne « envie de chercher et de s’exprimer encore plus » dans tout ce qui fait partie de leur culture.
La relation de sororité dans le métier d’artiste est pour elles « une chance de plus surtout qu’on est jumelles et il n’y a pas plus proche que cette relation que deux êtres puissent en avoir ». Une relation totalement fusionnelle dans laquelle elles arrivent à se comprendre si vite. Il suffit d’un simple regard pour que chacune d’elle assimile le message de l’autre.
Au niveau créatif, chacune a certainement sa propre démarche pour s’exprimer. Au moment où Liza opte pour la mélodie, Naomi se retrouve beaucoup plus dans le rythme ce qui favorise leur collaboration dans une relation entre que le duo qualifie de « complémentaire ».
Ce penchant pour le rythme chez Naomi, Liza dit qu’elle a bien hérité de on père disant « qu’il nous a passé une vision de la musique à travers ses albums. Les deux sœurs se basent sur les fusions et les sonorités de divers horizons partant de leur conviction que « peu importe le style », l’essentiel est de pouvoir s’exprimer à travers les musiques qui leurs sont les plus proches. « Soit libre dans ta démarche de faire de la musique », conclut Liza.
Elles ne manquent pas de réaffirmer leur fierté « de jouer pour la première fois en Tunisie », puisque comme l’a dit Naomi, « notre grand-mère et toute une partie de notre famille est née ici ».
Toujours en parfaite symbiose avec sa sœur à ses côtés et qui approuvait chaque mot qu’elle disait, elle affirme « On reviendra certainement ».
Avec TAP