L’exercice budgétaire 2023 est très délicat, surtout sur le front des ressources externes. Mais progressivement, le gouvernement commence à sortir de l’ornière. Nous sommes encore loin de comptes, mais ce qui a été accompli relevait du domaine de l’impossible quelques mois auparavant.
Les efforts menés par l’administration tunisienne ont fini par convaincre certains partenaires de la capacité du pays à honorer ses engagements. L’argent que nous recevons est celui des contribuables des créanciers, qui ont des comptes à leur rendre. Nous comprenons là l’importance du travail accompli par les autorités monétaires, qui ont pu préserver les avoirs en devises, parfois au détriment de la fluidité de certains produits de base. Sans la discipline que la Tunisie a montrée dans le remboursement de ses dettes extérieures, en dépit de la multiplication des rapports sur sa faillite, aucune partie n’aurait cru à sa résilience.
32% de l’appui budgétaire sécurisé
Selon les chiffres de la Loi de finances 2023, l’appui budgétaire total sera de 13 059 MTND. C’est un montant important qui représente 18,7% des dépenses totales de l’année. Jusqu’à fin mars 2023, seuls 43,4 MTND ont été mobilisés. Depuis, la situation s’est nettement améliorée.
Il y a eu d’abord le crédit auprès de l’Afreximbank de 500 millions de dollars. C’était l’objectif initial puisque les plans du ministère des Finances tablaient sur 1 587 MTND en provenance de cette banque.
Puis, il y a l’emprunt et le don saoudiens, également de 500 millions de dollars. C’est aussi un montant qui rejoint les estimations de 1 587 MTND.
Et il y a l’appui de l’Union européenne, confirmé lors de la signature du mémorandum d’entente sur le partenariat stratégique et global avec la Tunisie. Dans la Loi de finances 2023, le soutien européen sera de 992 MTND, soit 300 millions d’euros.
En tout, c’est 32% de ce qui a été programmé qui a été, ou sera prochainement, encaissé. Le chemin est encore long pour assurer le financement de nos dépenses.
Le FMI toujours indispensable
Ces chiffres confirment également que l’accord avec le FMI demeure nécessaire. Nous parlons de 1 369 MTND budgétisés cette année. Si nous voulons s’en passer, il faut trouver d’autres solutions. D’ailleurs, les fonds que nous sommes en train d’encaisser servent en même temps pour compléter le dossier technique devant l’institution financière internationale.
Si la tournée du ministre des Affaires étrangères dans les pays du Golfe aboutit à l’obtention de nouvelles ressources, et que le Fonds monétaire arabe (FMA) nous soutient, nous pouvons décrocher enfin cet accord.
Mais ce scénario n’est pas facile à concrétiser. Nous sommes en train de parler de sommes allant de 1 jusqu’à 2 milliards de dollars, de quoi fermer définitivement le casse-tête de 2024.
L’enjeu est de taille. Tunis, mise au coin il y a quatre mois, est en train de s’en sortir. Politiquement, cela risque de changer profondément l’échiquier national et régional. Les détracteurs de Kaïs Saïed auront peu de cartes à jouer s’il réussit cela, et l’élection présidentielle sera, à notre avis, une promenade de santé pour lui. L’économie est le seul point capable de le fragiliser car la démocratie est clairement le dernier souci de la majorité absolue des Tunisiens.