Mais que veut le Ministre de la Santé publique ? Faire appliquer une loi sans l’accord de ceux qui en sont le sujet, le verbe et le complément ? Bizarre méthode de fin de règne dans un Ministère qui ne finit pas de récolter à chaque fois, un tollé auprès de tous les professionnels du secteur. On aurait pu penser qu’un ministre qui quitterait, dans quelques jours, son Ministère s’appliquerait à préparer le terrain pour que son successeur puisse dépasser les deux années de tergiversations et le tableau noir formé par le retour de maladies que l’on pensait éradiquées.
A la place, il s’oppose à toute la profession arguant qu’il s’agit d’un devoir national permettant, et, peut-être qui sait, pensant au passage, à une opposition et un fait de gloire, récoltés face à des futures médecins, des jeunes, nos enfants, qui seraient, moins nationalistes qu’ils ne devraient l’être et qui seraient, par naissance ou devenir, bourgeois ne voulant plus, à ce titre, servir dans les régions reculées du pays. Balivernes. Le Ministère ne connait tout simplement pas ses étudiants.
Aujourd’hui, dans pratiquement chaque famille tunisienne vous avez un ou plusieurs médecins. Et que pour accéder aux études de médecine, vous devez vous prévaloir d’un 17 sur 20 parfois d’un 17 fort au baccalauréat et appartenir, en quelque sorte, à l’élite estudiantine et non à l’élite sociale, comme veulent le suggérer certains lyncheurs et certainement cancres du Facebook.
De plus, pour être médecin, il faut sept années entre études et formation et onze ans, au moins, pour devenir spécialiste. Donc au bas mot et avec un sans faute durant tout son cursus d’apprentissage, de la maternelle au résidanat, vous êtes âgé de 31- 32 ans quand vous décrochez votre capacité d’exercer.
Le Ministère veut en rajouter 3 ans décalant ainsi le droit d’exercer en tant que praticien à 34-35 ans. Le garçon ou la fille aurait cravaché durant 29 ans pour pouvoir aspirer à un statut professionnel ; entretemps, il ou elle oubliera ce qu’est une vie, ce qu’est un accomplissement social et même culturel.
Le nouveau texte pose franchement plusieurs problèmes de fond qui ne peuvent être traités par la force :
- Sa constitutionnalité tout d’abord sachant que la Constitution, l’ancienne et celle qui viendra, garantit, l’égalité, les mêmes droits et obligations pour tous les tunisiens. Alors pourquoi les médecins et pas les ingénieurs, les architectes, les professeurs, les instituteurs, les agronomes, puisque les régions reculées vivent la rareté dans pratiquement tous les domaines et que l’argument coût de formation avancé pour justifier une dette vaut pour toutes ces catégories.
- Le travail obligatoire ne se justifie, juridiquement, que dans des conditions exceptionnelles. La Tunisie n’est pas en guerre à ce qu’on le sache
- Envoyer un résident à l’issue de ses années de formation dans des régions qui souffrent atrocement de l’absence d’équipement et de carte de santé claire et réfléchie, équivaut à traiter la symptomatique fièvre que susciterait une maladie que la maladie elle-même. En y insistant un peu, on tuera même le malade et bien sûr, ce jeune résident, frais moulu, qui aura à compter ses doigts dans un environnement médical pauvre et appauvrie en moyens techniques et en logistique médicamenteuse mais, pour la galerie, riche en statistiques pompeuses
- Le risque de faire porter le chapeau à des jeunes médecins en cas d’erreurs ou de carences sachant que même à l’issue du résidanat, ces médecins travaillent aujourd’hui sous la coupe de patrons, autrement plus chevronnés. Ceci s’explique par le fait qu’il s’agit plus de vies humaines que de case à remplir. C’est ce qu’apprennent les étudiants dans leur sermon qui, a priori, n’a pas été visité et surtout compris par le politique.
- Le Ministre de la Santé oublie qu’il parle de l’élite intellectuelle de la Tunisie, la traiter et, pourquoi pas, la terroriser au moyen d’un texte de loi, la rendre responsable des carences de tout un système, la diaboliser pour finalement, l’opposer à l’opinion publique, relève d’une totale absence de lucidité qui risque d’impacter demain la profession. On se rendra compte d’avoir scié la branche qui vous porte, à l’instar du sketch de Fernand Reynaud sur le boulanger, quand il n’y aura plus d’internes dans nos hôpitaux. On les ramènera alors d’autres contrées en les payant en devises fortes.
Arrêtons donc enfin ce passage en force d’un Ministre sur le départ. Sachant raison garder en valorisant au mieux une profession qui intègre, chaque année, les meilleurs de nos bacheliers en arrêtant de la bombarder de tous les quolibets. Travaillons enfin, sur la carte sanitaire de la Tunisie plutôt que sur de chimériques statistiques. Il y va de la santé du citoyen.
les étudiants gréviste sont à coté de la plaque . ma 3arefouch kifech inoguosiw . une bataille perdu d’avance .