La mission du nouveau chef du gouvernement, Ahmed Hachani, ne sera pas aisée. Il doit mener la barque à bon port en plein milieu de la tempête. Les gouvernements précédents lui ont légué un lourd héritage de dossiers économiques et sociaux. Les chiffres et les indicateurs sont bel et bien lourds. Qu’on en juge.
De la nécessité d’assurer la paix sociale
De la nécessité d’assurer la paix sociale
Les années 2022 et 2023 ont connu des milliers de protestations sociales alimentées par plusieurs crises environnementales, sociales, financières, des protestations à cause de la pénurie d’eau, de la situation environnementale dans quelques régions, sans oublier les protestations des chômeurs, qu’ils soient titulaires de diplôme ou non. Selon les chiffres de l’Observatoire social tunisien (OST) relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), le premier trimestre 2023 a enregistré 1262 mouvements de protestation (encadrés par les syndicats et anarchiques), 45 cas de suicide et de tentative de suicide. 60% des mouvements sociaux sont des protestations non encadrées par les syndicats et la société civile. Les protestations n’ont épargné aucun secteur : infrastructures vétustes, manque d’enseignants, pénurie d’eau, chômage, problèmes environnementaux et autres. De ce fait, le nouveau chef du gouvernement semble devoir garantir la paix sociale dans le pays.
Pénurie de produits alimentaires
Voici un sujet qui préoccupe et alimente la crainte de la majorité des Tunisiens. Les produits alimentaire de première nécessité ne sont pas toujours accessibles (riz, café, sucre, farine, céréales et autres). Il suffit de voir les consommateurs faire la queue devant les boulangeries, en plus du rationnement de la farine dans les grandes surfaces, pour comprendre l’ampleur du problème. Certains avancent que les institutions financières internationales et les fournisseurs n’accordent plus de confiance à la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements financiers.
Les responsables ont beau démentir ces propos, le consommateur ne croit que son couffin vide et la rareté de l’offre dans les marchés locaux. Dans une récente interview accordée à nos confrères de Shems FM, l’économiste Ezzedine Saidane affirme que les denrées alimentaires nécessaires et vitales sont importées uniquement et exclusivement par l’Etat à travers ses entreprises publiques. Le blocage est au niveau des entreprises publiques dont la situation financière est bel et bien critique, rappelle l’intervenant. Cette situation critique fait que les entreprises publiques ne peuvent pas importer de quantités suffisantes. A noter également que la production céréalière tunisienne demeure insuffisante (2,7 millions de quintaux). Ainsi, ce dossier demeure prioritaire pour le nouveau chef du gouvernement.
Serait-il possible de miser encore sur la production de phosphate ?
Faut-il encore rappeler que le phosphate est l’une des sources les plus importantes en devises pour la Tunisie et qu’il s’agit de l’un des fleurons de l’économie nationale. Mais, malheureusement, ce fleuron risque de se faner. Selon les estimations du budget économique 2023, la Tunisie prévoit, pour la prochaine année, une production mensuelle de phosphate de 400 mille tonnes, soit 4,8 millions de tonnes sur toute l’année, sauf que les indicateurs de la production du phosphate commercial au cours du premier semestre de l’année 2023 ont enregistré une baisse de 21%, par comparaison avec les chiffres de l’année 2022 et un écart de 50% en rapport avec les estimations de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG).
La question demeure légitime surtout qu’à l’échelle internationale, le Maroc recule à la deuxième place dans la liste des plus grandes réserves de phosphate au monde. Et ce, après que la Norvège annonçait la découverte du plus grand stock de roche phosphatée au monde. D’ailleurs, le Maroc est le concurrent direct de la Tunisie dans la production de cette matière et voici qu’un nouveau concurrent fait son entrée en scène. Pour rappel : en 2010, la production tunisienne de phosphate était de 8,1 millions de tonnes.