Par ces temps de rêve et d’utopie chez les Africains, nous avons choisi cette célèbre citation de l’agronome et homme politique français, René Dumond. En 1962, certains pays du continent venaient à peine d’accéder à l’indépendance vis-à-vis de la France. « L’Afrique noire est mal partie », écrivait-il dans un livre resté on ne peut plus célèbre.
Dix ans après, en 1973, il va récidiver avec un autre ouvrage dans le même ton : « L’utopie ou la mort ! ». Mais ce qui est frappant, c’est que soixante ans plus tard, ce titre sonne encore comme une sentence qui colle à la peau des Africains au sud du Sahara.
Alors, nous sommes tentés de dire que les Africains sont pris, aujourd’hui, entre le marteau et l’enclume. En ce sens que certes les Occidentaux n’ont pas fait grand-chose pour les Africains, mais de là à croire que Russes et Chinois vont les sortir de la misère, c’est une chimère, une utopie… que seuls les Africains peuvent croire.
Depuis le premier coup d’Etat en Afrique post-indépendance, le 24 février 1966 au Ghana, c’est devenu un phénomène de société en Afrique, au sud du Sahara. Certains diront même que c’est une malédiction africaine.
Des explications loufoques
Mais ce qui interpelle le plus aujourd’hui, au 21ème siècle, ce sont les explications qu’on qualifierait de loufoques de certains intellectuels, africains ou autres du reste.
On entend ici et là dire que la France a exploité l’Afrique, oubliant l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, et à un moindre degré les Pays-Bas qui ont également été des pays colonisateurs.
Un bref aperçu montre si les ex-colonies françaises sont moins ou plus développées que celles britanniques. Pas de différence.
Malheureusement, les coups d’Etat à répétition (souvent par mimétisme, « les autres militaires ont réussi à prendre le pouvoir pourquoi pas nous ») ont empêché, pour beaucoup de pays, l’amorçage d’un développement économique et social. Et ce, alors même qu’ils sont dotés de ressources naturelles indispensables, paradoxalement, au bon fonctionnement de l’industrie et de l’économie occidentales, notamment.
Ceci étant, on doit reconnaître qu’il y a eu quelques tentatives pour se sortir du sous-développement, mais avec beaucoup d’utopie souvent. C’est-à-dire ne collant pas ou peu aux fondamentaux à même de mettre sur la rampe de lancement l’économie de ces pays.
Pour ce faire, certains avaient justement cherché des alliés de l’Est (Chine, Corée du Nord, RDA, URSS, Yougoslavie, Roumanie, Hongrie, etc.), avec des résultats décevants dans beaucoup de domaines.
Puisqu’on parle de coups d’Etat, poursuivons. Quel pays ex-colonie britannique n’a pas connu de coup d’Etat en Afrique subsaharienne? A notre connaissance, aucun. Autrement dit tous ont connu des révolutions de palais. Et pour les anciennes colonies françaises? Il y a le Sénégal, le Cameroun (dans une certaine mesure), le Gabon…
En clair, il n’y a pas de “bonne ou de mauvaise puissance coloniale“ : elles ont été pareilles dans leur exploitation voire pillage des richesses du continent. Et elles n’ont pas permis aux pays de se développer, etc. Contrairement à ce que Russes et même Italiens essaient de faire croire aux Africains concernant la France en particulier.
Où étaient les Russes et les Chinois?
Pardon, les Russes ou bien les Chinois n’avaient jamais entendu, encore moins vu la misère dans les pays africains!
Pardon, les Occidentaux sont tellement mal intentionnés qu’ils ont empêché les Africains de se développer!
Du coup, aujourd’hui Russes et Chinois se présentent comme des « sauveteurs », voire des « messies » pour les Africains.
Pourtant la raison de leur subite « estime » pour l’Afrique est évidente : ces deux pays ont des difficultés avec l’Occident ou une partie. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ils se tournent vers l’Afrique pour chercher du soutien. Avec le concept du « nouvel ordre mondial », qui sonne « bon » dans les oreilles des Africains, mais qui est difficile à mettre en pratique.
Les Africains doivent cesser d’être des naïfs, des idiots éternels, et donc grandir et regarder les réalités en face. En décidant en conséquence par eux-mêmes de ce qu’ils veulent et non ce que les autres veulent qu’ils soient ou fassent.
Un exemple nous vient à l’esprit. Combien d’Africains travaillent dans des entreprises chinoises ou russes en Chine ou en Russie?
Quels produits africains (à l’exception des ressources minières) trouve-t-on sur les marchés chinois et russes? Par contre, leurs produits (chinois et russes) inondent les marchés en Afrique et détruisent le semblant d’industrie qui existe.
Avons-nous vu des Africains se bousculer pour aller en Russie ou en Chine chercher du travail?
Par contre, les Européens (notamment Français) qu’on hait aujourd’hui, sont les seuls à offrir du travail et donc des revenus à certains Africains. Pas les Russes ou les Chinois.
L’Afrique ne se développera que par les Africains
Nous sommes convaincus que les Russes ou les Chinois, eux-mêmes pas aussi développés que cela, ne viendront pas faire le développement de l’Afrique à la place des Africains. Et ce qui est inquiétant, c’est que, par naïveté, l’Afrique subsaharienne est en train de tomber dans une autre forme de domination. Laquelle va engendrer sans doute beaucoup de mécontentements, de déceptions, de frustrations… Pour la simple et bonne raison que quand on parle de “développement économique et social“, Chinois et Russes ne peuvent pas être pris comme des modèles à suivre. Oui, ils sont allés sur la Lune. Oui ils vendent des armes. Oui ils ont des technologies développées. Mais une bonne partie de leur population n’en profite pas, ou pas assez en tout cas.
Dans cette logique, inspirons-nous de ces paroles du père de l’indépendance de la Guinée-Conakry, Ahmed Sékou Touré : « Toute aide qui ne nous aide pas à nous passer de l’aide doit être rejetée ». Il s’adressait, tenez-vous bien, à l’Union soviétique qui avait offert à la Guinée, en guise de cadeau, des chasse-neige. On n’a pas besoin d’avoir fréquenté une université ou lu le Capital de Karl Marx pour comprendre cette citation.
Cependant, et encore une fois, si les Africains ont été bernés – hier par les Occidentaux, aujourd’hui sans doute par les Russes et les Chinois -, c’est parce qu’ils constituent “un terrain favorable“ à cela. Avec leur naïveté, leur manque de maturité, leur vision étriquée (jamais à long terme), et surtout leur égocentrisme. En effet, avant d’arriver au pouvoir, ils déclarent à la face du monde que c’est pour la démocratie, pour le pays, pour tout le peuple. Mais dès qu’ils sont installés sur le “trône“– le mot n’est pas choisi au hasard -, c’est d’abord leur famille, leurs amis, et puis si possible leur région, leur ethnie qu’ils servent.
A partir de là, on devient prisonnier de son clan, de tout ce monde. La seule issue : rester le plus longtemps possible sur son fauteuil, quitte à modifier la Loi fondamentale. En oubliant que c’est elle qui leur a permis d’être élu président… D’où des coups d’Etat, l’armée étant la seule force capable de déboulonner le président. Puis un autre viendra renverser celui qui est là aujourd’hui et ainsi de suite. Et ainsi va l’Afrique subsaharienne depuis plus de six décennies.
Mais les coups d’Etat doivent cesser une fois pour toutes. Et l’armée doit être le garant de la pérennité des institutions démocratiques. Sans exception!