L’Agence de Notation japonaise Rating Investment and Information Inc (R&I) a dégradé, mardi 29 août 2023, la notation souveraine de la Tunisie de « B » à « B- ». Et ce, tout en maintenant la perspective « négative ». C’est ce qu’annonçait la Banque centrale de Tunisie (BCT), en se basant sur un communiqué publié par R&I.
Taoufik Baccar, ancien gouverneur de la BCT, est revenu sur son passage à la tête de l’institut d’émission entre 2004 et 2011. Et plus exactement en 2006, en rappelant que la notation souveraine de la Tunisie par cette agence était de BBB+ à A-. Une première pour la Tunisie et l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Sud.
Il précise via son post FB : « J’y ai œuvré des années durant avec toute l’équipe de la BCT et en particulier feu Brahim Hajji, Habib Sfar, Mohammed Salah Souilem, Badreddine Barkia, et bien d’autres cadres de cette prestigieuse institution. Nous avons tenu à confirmer une année après cet up grading par la sortie en juillet 2007 sur le marché japonais du Samouraï, en levant malgré la crise financière internationale de 2007/2008 des ressources sur 20 ans à une marge de 0,75 %.Ce qui constitue la meilleure performance de l’histoire de ce pays. »
Réussir une sortie sur le marché financier international
Et de poursuivre : « Quand je vois la dernière dégradation à B- je mesure l’ampleur du gâchis car entre le A- et le B-, il y a un monde […] Nous avons essayé de quantifier approximativement l’impact financier de cette dégradation. Ainsi, une sortie aujourd’hui sur le marché portant sur 1 milliard de dollars pour une maturité limitée de cinq ans engendrerait des intérêts supplémentaires par rapport aux conditions prévalant en 2010 de 3300 millions de dinars. Évidemment cette évaluation est théorique, la Tunisie ne pouvant plus dans la situation où elle est actuellement réussir une sortie sur le marché financier international. »
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Alors, il conclut : « Reconstruire cela reste évidemment possible, mais ne pourra se faire sans la compétence, l’engagement des réformes requises et une véritable stratégie de reconquête de la notation s’appuyant sur une vision dynamique de la diplomatie économique et la reconfiguration conséquente du dispositif diplomatique. J’y reviens en détail dans mon dernier livre : Miroir et Horizon Rêver la Tunisie. »