L’idée d’un nouvel ordre mondial mené par le BRICS refait surface. Cependant, la question primordiale est de savoir quel rôle doit jouer la Tunisie alors que le pays tire profit de ses relations avec l’Europe et les États-Unis, notamment en promouvant des réformes et en cherchant des investissements européens. Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste, livre une analyse profonde de la situation géopolitique.
Il précise via son post FB: « Certains idéalistes teintés d’anti-américanisme latent ou manifeste, rêvent d’un meilleur ordre mondial multipolaire et plus juste dont l’avènement serait mené par le BRICS qui vient de s’élargir pour regrouper dix pays dans des conditions qui ont suscité de nombreuses questions sur son fonctionnement et son avenir.
En admettant les errements de la politique économique et étrangère américaine au cours des dernières décennies, force est de constater qu’outre le caractère hétéroclite du BRICS et l’absence de transparence dans ses critères d’adhésion et ses modalités de fonctionnement, son premier échec semble être constitué par l’absence de consensus sur une éventuelle monnaie commune qui viserait à détrôner le dollar américain. »
Et de poursuivre: « Aussi, les exaltés et impatients de voir poindre un nouvel ordre international, surtout dans un pays qui vit au jour le jour comme la Tunisie, devraient faire preuve de retenue et réaliser que notre pays ne peut se permettre de faire des paris à long terme mais devrait essayer de tirer le maximum de bénéfices de ses relations et intérêts communs avec l’Europe et les Etats Unis d’Amérique qui seront les partenaires incontournables de la Tunisie au moins au cours de la prochaine décennie qui sera capitale pour la survie de l’Etat tunisien. »
Relever les défis économiques
L’analyste politique préconise une coopération renforcée entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) pour faire face aux défis économiques et sécuritaires.
Il suggère que l’UE investisse 10 milliards d’euros dans la modernisation de l’infrastructure tunisienne, favorise la délocalisation 1000 entreprises européennes installées en Asie à raison de 100 entreprises par an en Tunisie, soutienne un projet de développement agricole dans le sud du pays, et mette en place des centres de formation professionnelle pour les techniciens tunisiens. Il plaide également pour un moratoire sur les conditions politiques pendant au moins trois ans pour garantir le succès de ces initiatives, afin d’éviter des conséquences néfastes pour la stabilité régionale et européenne.
Selon Elyes Kasri, en l’absence d’un programme audacieux accompagné d’une période de trois ans sans conditionnalité politique pour protéger les réformes contre toute obstruction, la Tunisie et l’Europe pourraient entrer dans un dialogue de sourds. Ce qui pourrait représenter une menace supplémentaire pour la stabilité régionale. Il y a également le risque d’une crise migratoire majeure à travers la Tunisie, ce qui mettrait en péril la stabilité de l’Europe.