L’Afrique est actuellement traversée par un mouvement de fond, avec l’émergence du populisme et du rejet de l’élite politique. Plusieurs pays ont vu l’armée réinvestir le pouvoir politique (le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Niger, le Gabon). Ou d’anciens militaires occupent le pouvoir, après des élections démocratiques, ou détiennent indirectement le pouvoir. C’est le cas de la Mauritanie ou de l’Algérie.
Il faut noter que plus de 50 % de la population africaine est âgée de moins de 15 ans. Que l’élite politique, alignée sur l’Occident, n’a pas réussi à résoudre ni le problème du développement, ni celui de la pauvreté, ni celui de l’emploi. Ce qui a fait naître un sentiment de frustration et de rejet d’un pouvoir corrompu, bourgeois et citadin, au profit d’un pouvoir fort, nationaliste et anti-occidental.
Dans ce cadre, certains pays africains ne disposent plus de lignes aériennes avec l’Europe – et particulièrement la France -, ni de visa pour pouvoir voyager, travailler, commercer ou étudier.
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Ce qui pousse plusieurs voyageurs, maliens et burkinabé entre autres, à transiter par la Tunisie, pour pouvoir rejoindre la France. A titre d’exemple, la France compterait 1 million de Maliens installés sur son sol.
Et l’idéal aurait été que la compagnie Tunisair double ses fréquences sur des pays comme la Guinée, le Mali ou le Burkina Faso, mais au lieu de cela, elle augmente drastiquement ses prix.
On vous donne une idée de ces augmentations : le prix d’un billet aller/retour Tunis-Conakry dépasse actuellement les 3 000 DT en deuxième classe, soit plus cher qu’un billet Tunis-Montréal.
Idem pour la politique de visa. Là c’est la danse, avec la suppression de visa pour certains pays (Cap Vert, Gambie, Guinée équatoriale et Angola) ; mais de l’autre, le rétablissement des procédures de visa pour les Comores et dernièrement pour le Bénin… sans une annonce dans aucun document officiel, ni portail du ministère des Affaires étrangères.
En effet, dans la soirée du 4 septembre, une citoyenne béninoise résidente à Abidjan et mariée à un Français aurait été refoulée par le chef d’escale de Tunisair dans la capitale ivoirienne, pour “absence de visa“, alors que les ressortissants béninois sont exemptés depuis 2017.
Contactée, une source au ministère des Affaires étrangères en Tunisie, n’a ni confirmé ni infirmé cette nouvelle disposition.
En outre aucun portail web officiel, ou document de presse ou annonce officielle ne rapporte cette information, en tout cas à notre connaissance. C’est le flou total. Or, nous estimons qu’un pays qui se respecte doit annoncer sur le portail de son département des Affaires étrangères la liste des pays dispensés de visa, et ce d’autant plus que cette donnée est dynamique.
Ceci sans parler de l’absence de la plateforme EVisa qui a du mal à se déployer et par le ministère de l’Intérieur et par celui des Affaires étrangères.
Pourtant, à longueur des semaines on nous bassine les oreilles par des discours sur l’Afrique, sur le développement du commerce et des affaires vers l’Afrique subsaharienne.