Un groupe de médecins a manipulé, pour la première fois, les outils et les techniques de la réalité virtuelle en matière de simulation médicale, fréquemment utilisée dans les pays développés. Et ce, dans le cadre d’une formation technique, organisée pour la première fois de l’histoire de la formation dans le domaine de la santé à Sfax.
Cette initiative, considérée comme une avancée majeure dans le domaine de la santé en Tunisie, a eu lieu mercredi 6 septembre au Centre de Simulation CURES, inauguré au mois de juin dernier à la Faculté de Médecine de Sfax, dans le cadre de la coopération internationale avec le Département d’Etat des Etats-Unis et mis en œuvre par FHI 360 (organisation de développement humain à but non lucratif).
Il s’agit de la première activité de formation de ce centre qui ne manquera pas de renforcer l’attractivité de la région de Sfax et de soutenir son ambition de devenir un grand pôle du secteur médical de la Tunisie.
« C’est une véritable aubaine en termes d’utilisation des techniques de simulation dans l’enseignement de la médecine aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants et les cadres paramédicaux », déclare le docteur Mahdi Ben Dhaou, qui est responsable de la direction pédagogique du Centre de Simulation CURES de la Faculté de Médecine de Sfax, en marge de la formation.
« Cette formation destinée aux formateurs s’effectue, dans ce centre qui se veut l’un des plus grands de ce genre en Afrique et dont les prestations de formations profiteront à l’avenir non seulement aux cadres médicaux et paramédicaux tunisiens mais également aux non tunisiens », a-t-il ajouté.
Une opportunité pour les apprenants
Fort d’une imposante infrastructure de 18 salles de formation (étalées sur trois étages), d’équipements et de matériels de simulation de haute qualité ainsi que de formateurs internationaux (américains, britanniques, hollandais…) de renommée, ce nouveau Centre offre l’opportunité aux apprenants de simuler les différents actes médicaux et gérer les situations de stress qui font généralement la différence entre un médecin et l’autre, a fait remarquer Dr Ben Dhaou.
Ainsi, le passage du monde virtuel où l’étudiant touche, via un casque et un écran de visualisation, à tous les actes médicaux, au monde réel se fait de façon encore plus fluide et permet d’éviter le fait d’opérer ses premiers essais sur des malades. Ce qui est très important en matière d’éthique et de respect des droits de l’Homme.
L’autre objectif est déjà atteint sur le plan pédagogique, soutient le directeur pédagogique du Centre CURES : « Le centre permettra de pallier à l’insuffisance de la capacité d’accueil des services des CHU Habib Bourguiba et Hedi Chaker, pour les stagiaires en médecine « . Une insuffisance qui donne, de plus en plus de soucis aux étudiants et aux enseignants durant les dernières années avec la détérioration de la qualité de l’infrastructure de base de ces deux grandes institutions au fil du temps et le nombre grandissant des demandeurs de stages.
En ayant la « Casque VR » (Virtual Reality) sur la tête, les apprenants dans cette formation sont en fait dans un environnement réel des hôpitaux où ils doivent faire les soins nécessaires et prendre les décisions comme dans les situations ordinaires de prise en charge médicale des patients, et ce pour les actes médicaux, tous genres confondus, a expliqué Martin Boosman, formateur hollandais et conseiller de renommée de la simulation médicale chez Sim X, une société basée aux USA.
Martin Boosman a rappelé que la réalité virtuelle dans la simulation médicale est de plus en plus utilisée au plan international dans de nombreux pays tels que les Etats-Unis d’Amérique (depuis plus de dix ans), au Canada, en Belgique, au Pays-Bas, en Allemagne et dans d’autres pays développés.
L’objectif ultime d’un tel projet est, selon le coordinateur technique du Programme CURES, le Dr Moataz Bellah Oueslati, de rehausser encore davantage le niveau de formation des futurs médecins et de leur procurer une accréditation conformément aux standards internationaux en matière de simulation médicale.
« Ce programme est une véritable fierté pour la Faculté de Médecine de Sfax, pour Sfax et pour la Tunisie », a-t-il conclu.
5 millions de dollars
Financé par le Département d’Etat américain moyennant une enveloppe de l’ordre de 5 millions de dollars dont 1 million de dollars affectés aux équipements médicaux, le Programme CURES est réalisé en partenariat avec l’Université de Sfax, le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère de la Santé publique.
Il a pour mission, outre la formation des compétences (étudiants, médecins, paramédicaux…), de promouvoir la recherche scientifique et les efforts des chercheurs, ainsi que le renforcement du partenariat tuniso-américain dans la recherche médicale via les institutions de recherche et de santé des deux pays.
Le Centre comporte, en plus des 18 salles de formation équipées du matériel nécessaire à la simulation, un service d’urgence, une salle de cathétérisme cardiaque et échographie transoeusophagienne, un dispensaire et un plateau chirurgical et d’autopsie, une aile dédiée au brainstorming et aux rencontres de réflexion pour la société civile (projet de recherche collaboratif).
Une deuxième activité du Centre CURES aura lieu, par ailleurs, les 25 et 26 septembre 2023. Elle consistera en une formation sur l’utilisation de la machine de cathétérisme cardiaque avec des fonctionnalités ultra développées.
Avec TAP