Bruxelles a choisi de mettre fin aux restrictions de l’Union sur les importations de céréales de Kiev. Mais plusieurs Etats membres ont immédiatement rejeté cette décision.
Un moratoire temporaire sur l’importation de graines de blé, de maïs, de colza et de tournesol ukrainiens, imposé par l’UE début mai, a été levé la semaine dernière. Cette décision a divisé les membres de l’Est du bloc. Certains expriment leur soutien à la décision et d’autres jurant de défier l’ordre.
Plus tôt cette année, plusieurs Etats de l’UE ont exprimé leurs profondes inquiétudes face à un afflux massif de produits agricoles bon marché en provenance d’Ukraine. En citant le besoin urgent de protéger les marchés locaux de la déstabilisation. Sachant que déjà en mai dernier, la Commission européenne (CE) a imposé des « mesures préventives exceptionnelles et temporaires sur les importations » de graines de blé, de maïs, de colza et de tournesol ukrainiens vers cinq Etats membres. Et ce, afin d’atténuer l’impact de la chute des prix dans les pays voisins de l’UE.
L’interdiction permettait aux produits ukrainiens de passer à travers les Etats membres. Mais pas d’y être vendus ou stockés.
Les pays de l’UE ont arrêté d’importer ces céréales
Les pertes financières substantielles dues à la surabondance de céréales ukrainiennes ont été particulièrement ressenties par les membres du bloc partageant une frontière avec l’Ukraine. Cependant, plusieurs autres pays se sont joints à eux pour exiger une action de la CE concernant les exportations ukrainiennes. Les mesures adoptées par Bruxelles ont permis à la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et à la Bulgarie de cesser d’importer des produits agricoles ukrainiens.
En juillet, la Russie a suspendu sa participation à l’Initiative céréalière de la mer Noire. Cette initiative permettait aux céréales ukrainiennes d’être expédiées en toute sécurité depuis les ports du pays. L’accord, initialement conclu entre Moscou et Kiev l’année dernière et négocié par l’ONU et la Turquie, était censé faciliter la livraison des céréales ukrainiennes sur les marchés mondiaux, dans un contexte de conflit militaire entre les Etats voisins.
Les membres de première ligne du bloc étaient considérés comme une porte d’entrée sûre pour les exportations de cultures ukrainiennes qui, selon Bruxelles, étaient « essentielles pour nourrir le monde et maintenir les prix des denrées alimentaires à un niveau bas ». Cependant, les produits sont restés bloqués en Europe de l’Est, mettant en danger les moyens de subsistance des producteurs locaux.
Les raisons qui poussent Bruxelles à revenir sur sa décision
Pourtant, l’UE a levé les restrictions vendredi 15 septembre 2023. Et ce, après que les autorités ukrainiennes ont accepté de renforcer le contrôle sur leurs exportations agricoles. Kiev s’est notamment engagé à introduire des « mesures juridiques ». Il s’agit notamment d’un système de licences de 30 jours, pour éviter de nouvelles hausses des exportations de céréales. La décision de lever l’interdiction est intervenue après des semaines de négociations. L’Ukraine menaçait même de poursuivre le bloc en justice auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour obtenir une compensation.
Avant l’annonce de la décision de la Commission européenne, la Pologne et la Hongrie avaient prévenu qu’elles agiraient seules. Et ce, pour empêcher l’accès aux céréales ukrainiennes bon marché. Varsovie bloquerait unilatéralement l’importation de produits agricoles en provenance d’Ukraine à partir du 16 septembre. C’est ce que déclare le Premier ministre Mateusz Morawiecki, le 15 septembre 2023.
Dans le même temps, le gouvernement slovaque a décidé d’interdire les importations de graines de blé, de maïs, de colza et de tournesol ukrainiens. Le Premier ministre Ľudovít Ódor a déclaré que Bratislava s’était trouvée dans l’obligation « d’éviter une pression excessive sur le marché slovaque ». Et ce, afin de rester équitable envers les agriculteurs locaux.