Le président de la République, Kaïs Saïed, a réuni autour de lui, dans la soirée du lundi 18 septembre 2023, le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, les ministres de la Justice, Leila Jaffel, des Finances, Sihem Nemssia, et de l’Intérieur, Kamel Feki, pour évaluer la situation générale du pays.
Dans un premier temps, le chef de l’Etat a réagi aux informations circulant depuis quelques jours sur le refus de la Tunisie d’autoriser une délégation du Parlement européen à entrer sur son territoire dans le cadre d’une mission visant à comprendre la situation politique. « Certaines chaînes étrangères essaient de nous imposer leurs vues alors qu’elles devraient plutôt se soucier de leur propre situation. Et plus précisément, ceux qui parlent de liberté de la presse et de la liberté d’expression devraient nous informer de la situation dans leurs pays », a déclaré Kaïs Saïed.
Les Tunisiens établis en Europe
Et d’ajouter : « Ils nous accusent comme s’ils étaient devenus le ministère public. Ils devraient cesser de s’immiscer dans nos affaires, car nous ne nous immisçons pas dans les leurs […] Ils devraient arrêter de parler de mission venant en Tunisie pour nous inspecter, comme si nous étions sous colonisation ou sous tutelle. S’ils le souhaitent, nous enverrons à notre tour des missions d’inspection dans leurs pays ».
En outre, il a souligné que « ceux qui viennent de l’étranger pour nous observer ne sont pas les bienvenus et ne mettront donc pas les pieds sur notre territoire ».
Le chef de l’Etat a également évoqué les difficultés que rencontrent les Tunisiens, notamment avec de nombreuses administrations. De ce fait, il a vivement critiqué la complexité des procédures ainsi que les obstacles pour obtenir un prêt bancaire. Il en va de même des taux d’intérêt qui sont en hausse et qui pèsent lourdement sur les citoyens. D’où la nécessité pour l’Etat de retrouver son rôle social.
La question des biens spoliés et de la corruption
Dans un deuxième temps, Kaïs Saïed a abordé la question des biens confisqués. « Ces biens sont devenus un spectacle continu depuis 10 ans. Certains en ont même pris possession. D’où l’intérêt de poursuivre les responsables », dit-il. « Nous n’avons pas de problème avec les hommes d’affaires et les entrepreneurs indépendants. Et nous ne confisquerons pas la propriété de qui que ce soit. Mais ceux qui ont saisi les biens du peuple doivent les restituer », poursuit-il.
Tout comme il s’est interrogé sur le rôle de la Commission d’analyse financière. « Ils parlent de la faillite de certaines entreprises dans le but de les brader […] Qu’ils sachent que la Tunisie n’est pas à vendre ».
Puis il a insisté sur la nécessité d’éliminer les causes de la corruption et de tenir les contrevenants responsables publiquement.
Quid des Panama Papers?
Par ailleurs, Kaïs Saïed a abordé le dossier des « Panama Papers ». « La commission d’enquête chargée de l’affaire n’a rien accompli jusqu’à présent […] Mais dans l’un des pays européens, dès que le nom d’un chef de gouvernement est mentionné, il démissionne immédiatement de son poste […] Nous continuons notre enquête et n’avons rien découvert jusqu’à présent. »
En outre, le chef de l’Etat relève la nécessité pour le système judiciaire de prendre en charge cette question et de jouer son rôle dans la poursuite et la condamnation de ceux impliqués dans le blanchiment d’argent et le détournement de fonds.
Quant à la question des écoutes téléphoniques, il a conclu en disant : « Malheureusement, nous attendons toujours les écoutes téléphoniques et les analyses. Ce qui signifie que cette affaire ne peut pas durer dix ans sans que même les jugements ne soient exécutés ».