Le dossier traînait depuis les années 70. Enfin, justice est rendue et l’Ile de Djerba est désormais inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette inscription est le « couronnement d’un chemin long et tortueux », révèle le directeur régional du Bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour le Maghreb, le Français Eric Falt.
Par les temps qui courent et alors que notre pays n’a pas fini de manger son pain noir, toute bonne nouvelle est bonne à prendre. Et l’inscription de l’Ile de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en est une. Alors ne boudons pas notre plaisir.
La bonne nouvelle est tombée lundi 18 septembre 2023 via un communiqué publié sur la page officielle du ministère des Affaires culturelles dans lequel nous apprenons que l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a validé officiellement le dossier d’inscription de l’Ile de Djerba sur la liste du patrimoine mondial. Et ce, lors de la 45ème session élargie du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenue du 10 au 25 septembre à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite, en présence de la ministre tunisienne des Affaires culturelles, Hayat Guettat Guermazi.
Un rapport bien ficelé
« Une équipe d’experts tunisiens a élaboré un rapport technique détaillé qui répond à toutes les exigences formulées dans le rapport des experts du Conseil international des monuments et des sites et de l’Internationale des monuments et des sites. Lequel rapport comprend une liste de sites et monuments, tous caractérisés par leur architecture et leur urbanisme exceptionnels », lit-on dans le même communiqué.
Il faut rappeler à cet égard que le dossier de Djerba – une petite île d’une superficie de 514 km² et qui occupe l’une des positions les plus stratégiques au cœur de la Méditerranée, est célèbre depuis l’Antiquité, puisque le héros de Homère, Ulysse, y fit escale – était bien ficelé et qu’il ne fallait pas déployer beaucoup d’effort pour « vendre » son dossier.
Urbanisme « exceptionnel »
En effet, les 24 monuments proposés à l’inscription sont implantés partout sur l’île et témoignent de l’architecture exceptionnelle de cette île nichée au sud de la Tunisie. Et dont voici quelques-uns des monuments historiques les plus notables :
– La Ghriba, une synagogue qui constitue l’un des principaux marqueurs identitaires des juifs de Djerba qui abrite l’une des dernières communautés juives vivantes du monde arabe. Elle fait l’objet d’un pèlerinage annuel, à l’occasion de la fête juive de Lag Ba’omer, rassemblant plusieurs milliers de pèlerins. C’est aussi l’une des principales attractions touristiques de l’île de Djerba. Sa renommée est basée sur les nombreuses traditions et croyances qui soulignent son ancienneté et le fait qu’elle contiendrait des restes du Temple de Salomon.
– Borj El K’bir : une forteresse ottomane construite au 15ème siècle pour protéger l’île contre les attaques extérieures.
– Houmt Souk : la médina de Houmt Souk est la principale ville de Djerba et abrite de nombreux bâtiments historiques, des ruelles étroites, des souks animés et une atmosphère authentique.
– Musée de Guellala : ce musée est situé dans le village de Guellala et présente une collection d’objets artisanaux locaux, notamment des poteries et des articles en terre cuite.
– Le Phare de Taguermess : ce phare historique est situé sur la pointe nord-est de l’île et offre une vue spectaculaire sur la mer Méditerranée et les environs.
– La Mosquée Fadhloun : cette mosquée ancienne est un exemple de l’architecture islamique traditionnelle et est ouverte aux visiteurs non-musulmans à certaines heures.
– Les Menzels : de grandes maisons traditionnelles en terre qui sont typiques de Djerba. Certaines d’entre elles ont été préservées et peuvent être visitées pour découvrir l’architecture et le mode de vie locaux.
– Le Musée de Djerba : ce musée offre un aperçu de l’histoire et de la culture de l’île, avec des expositions sur l’archéologie, l’art et les traditions locales.
Diversité religieuse et sociale
A noter également qu’avec ses mosquées, ses églises et ses synagogues, l’île de Djerba reflète la diversité religieuse et sociale et représente, selon le responsable onusien, Éric Falt, « un témoignage exceptionnel d’un schéma de peuplement unique et d’une adaptation humaine remarquable, à travers les siècles, aux contraintes d’un environnement marqué par la rareté de l’eau et de nombreuses menaces venues de la mer ».
Avantages
Faut-il enfin rappeler que l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial offre d’indéniables avantages, puisque ces monuments historiques sélectionnés à Djerba la douce, en raison de leur importance exceptionnelle, oblige les gouvernements et les communautés locales à prendre des mesures de conservation rigoureuses. Cela garantit que ces sites demeurent intacts pour les générations futures.
De plus, l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est souvent suivie d’une augmentation du tourisme. Cependant, ce tourisme est généralement géré de manière durable. Ce qui signifie qu’il est réglementé pour minimiser les impacts négatifs sur l’environnement et les communautés locales.
Alors, de grâce, ne boudons pas notre plaisir.