La Banque centrale d’Algérie a révélé samedi 22 septembre 2023 que le Conseil monétaire et bancaire, présidé par le gouverneur de la Banque centrale d’Algérie, Salah Eddine Taleb, a approuvé la nouvelle loi qui permet, pour la première fois en Algérie, d’établir un large réseau de bureaux de change agréés afin de faciliter les opérations de change pour les citoyens et les touristes.
L’Algérie manque de ce type de bureau de change, ce qui continue de susciter des interrogations sur les raisons. Car les expatriés, les touristes et les visiteurs en Algérie, ou les Algériens partant à l’étranger, sont obligés d’échanger des devises sur le marché noir dans des lieux bien connus, comme Place de Port-Saïd au centre de la capitale algérienne, où les jeunes hommes du bord de la route brandissent des devises pour attirer ceux qui souhaitent en échanger, ainsi que des magasins qui échangent des devises illégalement.
La plupart du temps, ils préfèrent échanger leurs devises sur le marché noir plutôt que dans les banques. Notamment en raison de l’importante différence de change, qui atteint plus de 35 %. Alors que 100 euros s’échangent à la banque contre 14 mille dinars, au marché noir on en a pour plus de 20 mille dinars.
La Banque centrale a confirmé que les domaines d’activité des bureaux de change comprendront également la fourniture du service de bourses d’échange au profit des Algériens et des résidents, pour les voyages touristiques ou professionnels. De même que pour le recouvrement des frais de réalisation des études à l’étranger.
Le gouverneur de la Banque centrale explique encore que la mise en place d’un réseau organisé et contrôlé de bureaux fournissant des services de change assurés sera suivie d’une révision des règles régissant ces opérations de change. Et ce, en adéquation avec le développement économique et social de l’Algérie, conformément à la loi monétaire promulguée dernièrement, en juin.
La nouvelle loi serait-elle la bonne?
Cependant, certains analystes doutent de la possibilité d’appliquer cette loi. D’autant plus que les décisions précédentes ont été prises sans les mettre en œuvre. En effet, déjà en avril 2016, la loi monétaire et de crédit a été promulguée et stipulait l’ouverture de bureaux de change. Mais elle est restée lettre morte, alors même que le programme du gouvernement et la loi de finances sont en vigueur depuis un an. Décisions également en 2021 d’ouvrir des bureaux de change, mais le gouvernement n’a pas pris l’initiative de mettre en œuvre ces décisions.
Enfin, les sources soulignent que le marché noir des changes, actif depuis des décennies dans les gouvernorats du pays, accueille une grande quantité d’argent liquide en circulation. Elle est estimée par les experts à plus de neuf milliards de dollars. Et on parle dans les milieux politiques et économiques que l’Algérie estime qu’il existe des groupes influents qui profitent de l’interruption de l’ouverture des bureaux de change pour assurer un contrôle continu sur le marché noir des changes.