Les prix du pétrole ont atteint leur plus haut niveau depuis plus d’un an lors des échanges d’hier soir sur les marchés asiatiques. A la rédaction de ces lignes, le prix du Brent frôle les 96 dollars après un pic de 97,56 dollars en pleine séance. Les stocks américains de brut dans un centre de stockage clé ont chuté à leur plus bas niveau depuis juillet 2022.
Il s’agit des stocks à Cushing, dans l’Oklahoma, qui sont tombés à 22 millions de barils, selon les données de l’Administration américaine d’information sur l’énergie. Soit quasiment au minimum opérationnel. Par rapport à la troisième semaine de septembre, la baisse s’est élevée à 943 000 barils.
A court terme, la hausse continuerait
Si les stocks continuent à descendre en dessous de ces niveaux, il serait difficile de voir les prix baisser. Ils resteraient à un niveau élevé pour le reste de l’année. Il y a même un risque de hausse si le groupe OPEP+ ne revient pas sur ses décisions de limiter l’offre.
Les marchés du pétrole sont confrontés à un déficit important à cause des réductions de la production mises en œuvre par l’OPEP et ses alliés. En septembre, l’Arabie saoudite a prolongé sa réduction volontaire de production de brut de 1 million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année. Cela porte la production du Royaume à près de neuf millions de barils par jour. En outre, la Russie s’est engagée à prolonger sa réduction des exportations de 300 000 barils par jour jusqu’à la fin du mois de décembre.
Il y a un autre facteur à prendre en considération. Les débits des raffineries allaient diminuer au cours des prochains mois, à l’approche de la période de leur maintenance.
A moyen terme, nous pensons que les prix pourraient rester proches de ces niveaux pendant un certain temps. Néanmoins, il ne s’agit pas d’une situation permanente. Il n’est pas dans l’intérêt de l’OPEP de voir les prix grimper jusqu’à trois chiffres, car elle s’inquiétera de la destruction de la demande à long terme.
Les prévisions d’un baril de pétrole à 100 dollars se sont multipliées ces derniers jours. Goldman Sachs a récemment relevé ses prévisions pour le Brent sur 12 mois de 93 à 100 dollars le baril. La banque pense que l’OPEP+ sera en mesure de maintenir les cours dans une fourchette (80 – 105 dollars) en 2024.
Pour la Tunisie ?
Pour nous, ces niveaux ont des conséquences. Alors que l’intention est de continuer à subventionner les prix du carburant, l’impact sur le déficit budgétaire est certain. Nous n’avons pas d’idées encore sur le prix de référence pour le Brent mis dans la Loi de Finances 2024. Les tendances actuelles font qu’il convient de conserver, au moins, le niveau de 2023 (89 dollars) pour bien baser ses calculs.
Financièrement, il y aura l’effet cumulé de l’intensification des besoins de l’Etat et les interventions sur le marché de change par les banques commerciales, pour régulariser les factures énergétiques. Bien que cela exige une forte intervention de la BCT sur le marché interne pour assurer la liquidité au système bancaire, le plus important du travail reste à accomplir sur le front de la balance des paiements. Nous avons une bonne position extérieure actuellement, par rapport à notre historique, et il convient de la gérer avec prudence. Nous n’avons pas d’autres choix que de travailler encore pour faire réussir la prochaine saison touristique et maintenir tous les moteurs générateurs d’exportations et de rentrées de flux en monnaies étrangères.
La visite du Ministre des Affaires étrangères, de la migration et des tunisiens à l’étranger en Russie est stratégique. Si la Tunisie sécurise son approvisionnement en blé et en pétrole, avec des prix et/ou des conditions de paiement raisonnables, nous pouvons confirmer qu’elle a sécurisé son exercice 2024 en matière budgétaire.
Entre temps, les prix élevés du pétrole lui permettraient d’engranger des impôts plus élevés sur les sociétés pétrolières en 2025. Même la production nationale serait plus importante, encouragée par ces niveaux de cours. Un baril à 100 dollars n’est pas une catastrophe si l’ensemble de l’économie carbure.