» Pour relever le défi de mobiliser des ressources domestiques, l’Afrique a besoin d’un nouveau mode de financement des investissements, par des partenariats innovants, par des partenariats publics privés, par l’encouragement du rôle des fonds d’investissement, des banques, des fonds de pension et bien sûr des compagnies d’assurance dans le financement à long terme des projets d’infrastructure « .
C’est ce qu’estime Hassène Feki, président de la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (FTUSA), dans son allocution d’ouverture du 27ème forum de la réassurance africaine qui a lieu du 30 septembre au 4 octobre 2023 à Tunis sous le thème » Changement de paradigme : l’industrie Africaine de la (RE)Assurance peut-elle soutenir une Afrique auto-financée ? « .
« Seulement 40% de la population africaine a, aujourd’hui, accès à l’électricité, moins de 10% est connectée à internet et seulement 25% du réseau routier africain est pavé », ajoutera le président de la FTUSA.
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Ceci pour dire que « l’’Afrique est en déficit d’infrastructures, qui coûte à son économie à hauteur de 40% en termes de perte de productivité, et un manque à gagner en matière de croissance économique estimé à 2 points de PIB », explique Feki.
L’Afrique a besoin d’une assurance-vie longue et d’une assurance-crédit
C’est pour cette raison qu’il met l’accent sur l’importance d’encourager et de développer l’assurance-vie dans le continent africain, par une réglementation et une fiscalité incitative qui permettra au secteur de mobiliser de l’épargne longue, et par conséquent des ressources permettant de financer les projets de transformation des infrastructures.
Il faut aussi développer la réassurance africaine pour couvrir et soutenir les compagnies d’assurance des dommages qui accompagnent et sécurisent les grands projets, propose-t-il.
Il ajoutera qu’il est nécessaire de développer l’assurance-crédit africaine pour réduire le coût élevé des primes d’assurance-crédit et endiguer une perception exagérée du risque d’investir et d’échanger des flux financiers en Afrique.
Les réassurances africaines au secours des infrastructures
S’exprimant à cette occasion, le président de l’Organisation des assurances africaines (OAA), Chérif Benhabiles, a indiqué que le déficit d’infrastructures en Afrique nécessite des milliers de milliards de dollars. » Il est possible aujourd’hui d’engager et d’inciter les compagnies de réassurance à financer le développement à travers le continent « , a-t-il dit, et que certaines de ces compagnies de réassurance reposent sur des bases de capital substantielles, qui pourraient être utilisées pour investir dans un fonds de développement pour le continent, au lieu de soldes de trésorerie placés dans des investissements à l’étranger.
» Les primes de réassurance sur le continent ont considérablement augmenté au fil des ans, mais malheureusement, ces fonds ne contribuent pas actuellement de manière significative au financement des déficits d’infrastructures de l’Afrique « , a-t-il regretté.
Selon lui, il existe des obstacles évidents associés à l’investissement en Afrique, tels que la gouvernance, les défis réglementaires et de conformité, l’instabilité politique, la pauvreté et la corruption, et les difficultés cycliques liées aux devises.
Quid des questions à l’ordre du jour du forum
Revenant sur le 27ème Forum de la réassurance africaine, Chérif Benhabiles souligne que plusieurs questions cruciales seront examinées, entre autres les besoins urgents de développement des infrastructures de l’Afrique, le niveau actuel des investissements, dans quelle mesure le secteur de l’assurance et de la réassurance peut s’impliquer dans des partenariats public/privé pour renforcer les projets de développement des infrastructures, les défis réglementaires et les incitations, les défis possibles auxquels les réassureurs peuvent être confrontés lorsqu’ils investissent en Afrique et plus encore .
Pour sa part, Zouheir Atallah, chef de cabinet de la ministre des Finances, a souligné l’importance de multiplier les opportunités de rapprochement et de complémentarité entre les réassureurs des pays africains afin de faire face aux mutations internationales très rapides et relever les défis liés à la conjoncture macro-économique au sein de laquelle évolue l’industrie réassurantielle.
» Il est grand temps que l’industrie de l’assurance africaine et les pouvoirs publics changent d’approche et se décident à agir pour faire progresser le secteur en tant qu’outil important permettant d’atténuer l’impact négatif des chocs ou désastres, dit-il. L’assurance est un mécanisme très efficace pouvant être utilisé pour promouvoir la croissance économique, améliorer la résilience et réduire la pauvreté et les inégalités « .
Selon Atallah, la situation du secteur des assurances sur le plan mondial s’est caractérisée par l’accaparement par les pays industrialisés du marché de l’ordre de 90%. D’où une répartition des primes émises qui reste inégale entre les différents continents, caractérisée par une très faible part de marché pour l’Afrique (un taux de 1 à 1,5%).
De ce fait, les marchés africains de la réassurance ont plus que jamais intérêt à développer davantage les actions de coopération afin de pouvoir assumer la concurrence et améliorer leur positionnement, suggère le conseiller.
A rappeler que le 27ème forum de la réassurance africaine devait initialement se tenir à Libreville, au Gabon, du 7 au 11 octobre 2023. Mais les événements politiques dans pays, avec la destitution du président Ali Bongo, ont décidé autrement, et donc le le choix de la Tunisie pour le suppléer.
Avec TAP