De nombreuses villes du monde arabe ont vécu ces derniers jours au rythme de l’opération « Déluge d’Al Aqsa ». Au rythme de la résistance palestinienne qui vient d’humilier l’armée d’occupation sioniste, décrite comme une armée invincible. Une victoire sans précédent depuis la guerre d’octobre 1973. Pour la première fois, nous voyons des parachutistes et des avions palestiniens de fabrication locale survoler les territoires occupés, tirer des missiles sur des chars et capturer plus de 100 soldats israéliens. Un sursaut de dignité face à soixante-quinze ans d’occupation, et de massacres perpétrés par les Israéliens dans les rangs palestiniens.
Un sursaut de dignité à la mesure des crimes commis, même quand il va bien falloir se demander comment aller plus loin, et surtout plus efficacement, pour tenter de répondre à l’occupation sioniste qui ne s’empêche pas de revendiquer la primauté de la force sur ce qui peut ressembler à la morale. D’ailleurs, de quelle morale parle-t-on lorsqu’on voit la barbarie de la riposte d’Israël, dont le ministre de la Défense annonce le siège complet de Gaza, qualifiant les Palestiniens d’« animaux » ? Depuis toujours, les élans de solidarité sincère pour la cause palestinienne sont venus des peuples.
Les Etats, eux, ont créé ce « machin » qu’ils ont pompeusement appelé Ligue des Etats arabes. Il faut bien relever la nuance : « des Etats arabes », et non des peuples. Cette nuance explique entièrement le silence assourdissant de la Ligue en question, par temps de tempête. Les Etats ne chassent pas en ligue, ni même en meute.
Toutefois, et une fois n’est pas coutume, on ne peut qu’être fier de la position de la présidence de la République qui a clairement et sans ambigüité exprimé son soutien inconditionnel au peuple palestinien. Dans une déclaration, qui fera certainement date, la Tunisie appelle également les forces vives ainsi que les voix libres du monde entier à se tenir aux côtés du peuple palestinien. Elle les appelle à se souvenir des atrocités et des affres perpétrées par l’ennemi sioniste contre le peuple arabe en Palestine et contre la Omma tout entière. Un geste, mais très significatif : nos enfants, dans nos écoles publiques, ont salué le drapeau palestinien et le drapeau tunisien, qui ont été hissés avec une diffusion de l’hymne national des deux pays. Certains diront que c’est du populisme, mais c’est ce que vraiment le peuple veut. Au-delà de la démocratie, c’est la cause palestinienne que le peuple tunisien veut défendre.
A ce propos, dans un débat, c’est dans l’air du temps, sur la question palestinienne, un expert nécessairement averti avait justifié la politique israélienne par un postulat : « Israël est tout de même une démocratie ». Ainsi donc, à partir du moment où quelqu’un est très civilisé avec sa femme chez lui, il est tout à fait justifié de violer la femme du voisin. Mais tout ça ne change rien au comportement de la Ligue. Au fond, comme pour le foot, la Ligue ne fait que compter les coups et les coups bas, quitte à rouler des mécaniques pour épater le bon peuple. Et entre les mécomptes de l’une ou l’autre des Ligues, y a-t-il vraiment photo ?
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 879 du 11 au 25 octobre 2023