Sous le titre « Déclaration du Rotary sur le conflit Israël – Gaza », un communiqué de cette ONG internationale publié samedi 14 octobre 2023, c’est-à-dire une semaine après le début des affrontements entre les Palestiniens et les Israéliens, a fait l’effet d’une bombe en Tunisie.
Certains rotariens tunisiens jugent la politique des “deux poids, deux mesures“ de l’Occident “insupportable“, en se souciant seulement du sort des Israéliens, mais ignorant totalement celui des Palestiniens, pourtant eux victimes d’un vrai génocide qui dure depuis fort longtemps, le Rotary international a pris une position claire…
Ledit communiqué dit ceci : « nous condamnons sans équivoque les terribles attaques du Hamas contre des civils israéliens et sommes consternés par le nombre de personnes blessées, tuées et kidnappées ».
Or, le document insiste sur le fait que « la construction de la paix est à la fois une pierre angulaire de la mission du Rotary et l’une de nos causes prioritaires. Fondamentalement, le Rotary constitue un espace de conciliation où les gens se rassemblent, au-delà des nationalités et des religions, des cultures et de l’Histoire, et se retrouvent autour de leur conviction commune pour un avenir meilleur. C’est ce lien qui nous humanise en période de conflit et qui édifie les bases d’une paix durable ».
Comprendre ici que le conciliateur ne doit en aucune manière -et de quelque manière que ce soit- condamner une des parties en conflit.
C’est justement cette prise de position de l’ONG en faveur d’Israël qui a choqué de nombreux Rotariens à travers le monde, notamment en Tunisie. Sachant que la charte du Rotary international proclame qu’« aucune position politique ne doit être exprimée au nom des adhérents ».
Conséquence : «… certains membres des clubs tunisiens du Rotary, qui pensaient œuvrer seulement dans l’humanitaire loin de toute position politique pour venir en aide aux populations défavorisées, ont été surpris par cette position du Rotary international et ont commencé à se désengager de cette association, à l’instar des membres du Rotary Club Carthage Horizon, qui ont annoncé leur rejet total et catégorique de cette déclaration officielle du Rotary International », nous dit-on.
Ces derniers ont déclaré “inadmissible“ le contenu de la déclaration du Rotary international puisqu’il dénonce « les terribles attaques du Hamas contre des civils israéliens », mais en retour ne condamne pas “les atrocités inhumaines commises par l’armée israélienne contre le peuple palestinien“.
La démission des membres du Rotary Club Carthage Horizon, qui a été saluée par beaucoup de Tunisiens, pourrait faire tache d’huile puisque les appels se font de plus en plus incessants aux adhérents Tunisiens à quitter cette association qui a dévoilé son vrai visage, au risque d’être accusés de cautionner sa position officielle.
Cependant, des sources dignes de foi ont affirmé que la réaction ne se fait pas attendre. Le district de l’Egypte (2451), ceux du Liban, Chypre, Jordanie, Soudan, Bahreïn, Emirats arabes unis (EAU), Géorgie, Arménie, et bien évidemment Palestine (2452) d’Afrique du Nord qui couvre la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie (9010), n’ont pas manqué d’adresser une correspondance au président du Rotary International, Gordon McInally, dont une copie est parvenue à la rédaction de L’Economiste maghrébin.
Tout en rappelant que Rotary est une organisation apolitique et non religieuse, les directeurs généraux de des districts mentionnés ont interpellé le président de Rotary international que: « nous nous attendions à ce que votre condamnation des deux parties soit claire et égale. La Convention de Genève de 1949 condamne le meurtre de civils et stipule clairement que « les civils doivent être protégés contre le meurtre, la torture ou la brutalité, etc. ». Ce qui se passe actuellement à Gaza et son blocus est épouvantable ».
Les signataires de la lettre s’indignent: «Nous avons 3 clubs en Palestine, en D 2452, et aucun n’a même été consulté ou contacté par Rotary International (RI) pour demander comment ils vont ou s’ils sont encore en vie ». Ils considèrent qu’une « rectification immédiate, une suppression, ainsi que des excuses sont désespérément nécessaires et une aide humanitaire devrait être levée pour les habitants de Gaza ».
Sur un autre volet, le gouverneur du district 9010 de son côté envoie une lettre au RI. Sans mâcher ses mots, il proteste du fait « il n’est pas question dans la déclaration qu’Israël soit présentée comme victime du Hamas, lorsqu’il est notoire que des femmes, des enfants, des vieillards et des malades subissent avec froideur un bombardement continu ».
Sur un ton alarmant, le gouverneur affirme que « nombreux sont les clubs, les rotariens et les rotaractiens dans notre district qui ont décidé de quitter l’organisation, mais n’opteront pas pour la chaise vide ». Pour cette raison, le district appelle le président du RI à « diffuser une déclaration complémentaire qui reconnaît le désarroi dans lequel l’armée israélienne a poussé les populations de Gaza par des offensives horribles ».