Le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdelmonem Belati, a appelé, lundi 16 octobre, les pays développés à honorer l’engagement des « 100 milliards de dollars par an », pris à Copenhague en 2009 afin de mobiliser, à partir de 2020, des financements publics et privés, en faveur des pays en développement pour financer leurs actions de lutte contre le changement climatique. Un engagement resté sans suite depuis.
S’exprimant lors d’un atelier d’action organisé en collaboration avec la FAO pour célébrer la Journée mondiale de l’alimentation qui se tient, cette année, sur le thème « L’eau c’est la vie, l’eau nous nourrit. Ne laisser personne de côté », il a souligné l’impératif de prendre les mesures nécessaires pour aider les pays touchés par les changements climatiques, dont la Tunisie, à lutter contre les répercussions de ces changements provoqués, en grande partie, par les pays industrialisés.
Mettre en oeuvre la stratégie de rationalisation de la consommation
Le ministre a indiqué que les changements climatiques ont fortement impacté la Tunisie qui traverse sa septième année de sécheresse, ce qui a causé une forte détérioration de ses ressources en eau et de sa récolte de céréales pour 2023, à 0,3 million de tonnes contre une moyenne de l’ordre de 1,2 à 1,5 million de tonnes.
Belati a, par ailleurs, insisté sur l’urgence de mettre en œuvre la stratégie de rationalisation de la consommation de l’eau potable et de favoriser la production d’aliments peu consommateurs d’eau, affirmant que son département donnera la priorité à garantir la disponibilité de l’eau potable en faisant recours au dessalement de l’eau de mer. Le ministère renforcera aussi le recours à l’exploitation des eaux traitées dont le potentiel est estimé entre 300 et 350 millions de m3 par an à l’échelle nationale, pour couvrir les besoins du secteur agricole.
De son côté, le chef de cabinet auprès du ministre de l’Agriculture, Abderraouf Ajimi, a indiqué que les quantités d’eau consacrées aux régions sont programmées selon les besoins de chaque région pour faire face au stress hydrique, faisant remarquer que le ministère œuvre à optimiser la gestion des ressources en eau disponibles pour sauver les exploitations agricoles et garantir la continuité de l’activité agricole.
Il a incité les agriculteurs à utiliser les équipements dédiés à l’irrigation pour faire des économies en eau rappelant que la loi sur l’investissement a instauré des primes au profit des agriculteurs désireux d’acquérir ces équipements.
A ce propos, il a fait savoir que le ministère se penche actuellement sur la mobilisation des ressources nécessaires pour ces primes couvrant entre 30 et 50% des coûts des équipements.
Les pays d’Afrique du Nord sont fortement touchés par les changements climatiques
Intervenant, le coordinateur du Bureau sous-régional de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Afrique du Nord, Philippe Ankers, a souligné que l’organisation reconnaît que les pays d’Afrique du Nord dont la Tunisie sont fortement touchés par les changements climatiques, indiquant que la garantie de la qualité et de la disponibilité des eaux est une condition indispensable pour atteindre la sécurité alimentaire.
Il a mis l’accent sur l’importance de mettre fin au gaspillage alimentaire et de repenser la nature et les méthodes de production des aliments que nous consommons, mettant en garde contre l’effondrement des systèmes hydriques dans le monde.
Il a rappelé que 29,6 % de la population mondiale, soit 2,4 milliards de personnes, souffre d’insécurité alimentaire modérée ou grave, affirmant que les changements climatiques ont aggravé les écarts entre les pays du monde en termes de sécurité alimentaire.
Chaque 16 octobre, la FAO célèbre la Journée mondiale de l’alimentation, qui commémore la date de sa propre création en 1945.
Avec TAP