L’agression israélienne en cours contre la bande de Gaza exerce une pression croissante sur les coûts de la dette des pays voisins, notamment en Jordanie et en Egypte. Les investisseurs internationaux étant de plus en plus préoccupés par l’expansion du conflit dans la région.
Les coûts supplémentaires liés au fardeau de la dette des pays riverains sont survenus après que l’armée d’occupation israélienne a exigé que plus d’un million de Palestiniens quittent la ville de Gaza et ses banlieues pour les régions du sud. Une décision qui, selon les Nations Unies, entraînerait un exode massif « catastrophique » de civils vers la frontière avec l’Egypte.
Ainsi, depuis le 6 octobre, le rendement des obligations jordaniennes libellées en dollars pour l’année 2030 est passé de 8,5 % à 9,45 % vendredi dernier. Ce qui constitue le niveau le plus élevé sur une base annuelle. Alors que l’économie jordanienne dépend fortement du tourisme, qui représente environ 10 % du produit intérieur brut.
Les analystes de Goldman Sachs ont déclaré que cela rendait la Jordanie « particulièrement vulnérable »; et ce, à mesure que le conflit se développait. « Mais jusqu’à présent, cela n’a pas poussé les obligations jordaniennes en dollars américains dans la détresse ».
La dette égyptienne est également soumise à de nouvelles pressions; même si elle se situe déjà en difficulté. Le prix de ses obligations en dollars à échéance 2031 est passé de 53 % à 51 % depuis le 6 octobre. Ce qui accroît la pression sur le pays, confronté à d’extrêmes difficultés pour refinancer sa dette dans les années à venir.
« La crise des réfugiés ne fera qu’exacerber les problèmes de l’Egypte, même si elle pourrait bénéficier aux donateurs internationaux si cela se produisait, ce qui est ridicule », a déclaré le SG de l’ONU, Guterres.
L’Egypte a obtenu son quatrième prêt depuis 2016 auprès du Fonds monétaire international en octobre de l’année dernière. Mais elle est toujours dans des négociations tendues avec la Société financière internationale.
Les répercussions de l’agression criminelle contre Gaza jettent une ombre sur les marchés de la région
Les répercussions du conflit se sont étendues au Liban, où les investisseurs ont déclaré que les chances de négociations sur la restructuration de la dette, qui a fait défaut sur ses dettes en 2020, ont diminué.
Au Liban, les obligations du pays ont été vendues dans un contexte de crainte d’une expansion des escarmouches entre le Hezbollah libanais et l’armée d’occupation à la frontière.
« Le seul espoir que les obligations libanaises avaient d’une issue positive reposait sur le scénario d’une normalisation politique régionale et locale », a déclaré Theis Loo, gestionnaire de portefeuille de la stratégie de dette en devises fortes des marchés émergents chez la société de gestion d’actifs Ninety One. Il a ajouté que les chances que cela se produise s’étaient « détériorées ».
Quelques semaines avant le déclenchement de la guerre, un rapport publié par le Fonds monétaire international à la mi-septembre indiquait qu’une tempête de dettes se formait dans certaines parties de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Et ce, après que les opérations de dette se sont intensifiées et ont atteint « des niveaux extrêmement élevés dans certains pays de la région ».
Ainsi, l’expansion de la guerre du « Déluge d’Al-Aqsa » menace l’économie mondiale.
Par ailleurs, « il est clair que la prime de risque géopolitique reprend du poil de la bête dans la région », a déclaré Abdelkader Hussein, responsable de la gestion des actifs obligataires chez Arqaam Capital. « La situation globale est fluide et difficile à prévoir ».
Enfin, les investisseurs évaluent le risque que le conflit implique d’autres pays. L’Iran a averti que la résistance pourrait ouvrir un nouveau front avec Israël si le siège de Gaza se poursuivait.