La guerre israélienne sur Gaza est entrée dans sa troisième semaine. Depuis le 8 octobre, Israël bombarde nuit et jour l’enclave palestinienne, détruisant un nombre effarant d’habitations, de mosquées, d’églises et de structures sanitaires, dont l’hôpital ‘Al Maadi’ dont les décombres ont enseveli des centaines d’hommes, femmes et enfants. Selon les chiffres donnés par l’activiste palestinien Mustapha Barghouthi le 19 octobre, l’armée israélienne a détruit jusqu’à cette date plus de 70 000 bâtiments (immeubles, maisons individuelles, administrations, écoles, dispensaires, hôpitaux etc.)
Ces ravages sans précédent dans les guerres israélo-palestiniennes ont fait dire à un responsable des renseignements américains, cité par Seymour Hersh, que « Gaza est en train de subir le sort d’Hiroshima sans la bombe nucléaire ».
Hiroshima ou pas, l’Occident se soucie comme d’une guigne du sort des Palestiniens, de leurs vies, de leurs droits ou de leurs villes. Il n’y a qu’à voir les flots incessants de condamnations, accusations et vociférations déversées de Washington, Paris, Bruxelles, Berlin, pour ne citer que les plus virulents, sur « les terroristes palestiniens ». Il n’y a qu’à voir les flots de messages de soutien inconditionnel, de compassion, d’affection, de sympathie pour la puissance occupante. Il n’y a qu’à voir les multiples visites effectuées à Tel-Aviv par des personnalités occidentales de premier plan pour témoigner leur soutien et prodiguer leurs encouragements au gouvernement le plus extrémiste, le plus fasciste et le plus criminel dans l’histoire d’Israël.
Pour diaboliser les Palestiniens, les dirigeants occidentaux recourent, sans le moindre scrupule, à la propagande mensongère, la fabulation, la mystification et la tromperie. La palme à ce niveau revient au président américain Joe Biden. Ne craignant nullement de se couvrir de ridicule, il n’a pas hésité à décrire « les atrocités » de Hamas en ces termes : « Des enfants tués. Des bébés décapités. Des familles entières massacrées. Viols, décapitations, corps brûlés vifs. »…
Les dirigeants européens ne sont pas allés aussi loin dans le ridicule, mais leurs discours ne sont pas moins exempts de propagande mensongère, de partialité, de soutien à l’agresseur et de diabolisation de la victime.
Pour résumer leurs discours, tout se passait bien avant le 7 octobre 2023, quand Hamas, pris d’un coup de folie, a foncé sur Israël et s’est déchainé contre des innocents. Aucun mot sur les 56 ans d’occupation, de guerres, de massacres, de construction sur des terres palestiniennes de centaines de milliers de colonies israéliennes. Aucune allusion au blocus imposé depuis 16 ans à la plus grande prison à ciel ouvert dans le monde, à la désacralisation des lieux saints musulmans et chrétiens, aux déchainements des hordes de colons protégés par des milliers de soldats armés jusqu’aux dents…
Cette cécité et cet alignement aveugle sur l’occupant-agresseur ont été observés encore une fois le 21 octobre au sommet du Caire, par les ministres des Affaires étrangères européens présents, notamment la ministre française et sa collègue allemande. Un sommet qui a montré le hiatus vertigineux qui sépare le discours des pays arabes d’un côté de celui des pays occidentaux de l’autre.
Le président égyptien et le roi jordanien se sont efforcés d’attirer l’attention sur les causes du drame qui persistent depuis des décennies et sur la nécessité d’appliquer le droit international. En vain. Le discours occidental, tel un disque rayé et usé jusqu’à la corde, répète jusqu’à la nausée la rengaine habituelle du « droit d’Israël de se défendre contre le terrorisme palestinien ».
Sans surprise, aucun accord n’a été trouvé autour d’un communiqué final. Le sommet a été clos et les participants occidentaux sont partis chez eux, campant sur leurs positions, refusant tout appel à un cessez-le-feu et ignorant le sort des centaines de milliers de sans-abris affamés et assoiffés.
Ce soutien inconditionnel de l’agresseur et cet alignement pathologique avec l’Injustice ont été résumés par Noam Chomsky, le plus grand intellectuel américain, en ces termes : « Vous prenez mon eau, brûlez mon olivier, détruisez ma maison, volez mes terres, emprisonnez mon père, tuez ma mère, bombardez mon pays, nous affamez tous, nous humiliez tous, mais c’est moi qu’on blâme : j’ai tiré une roquette pour me défendre. »