Sale temps pour le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de plus en plus sous le feu des critiques pour sa gestion controversée de la crise. Accusé par l’opposition d’avoir été informé que le Hamas se préparait à une offensive contre Israël, il aura fui ses responsabilités en se déchargeant sur le renseignement militaire.
Quel crédit accorder aux insinuations selon lesquelles l’Etat hébreu aurait été informé de l’imminence de l’offensive du Hamas, mais aurait choisi de ne pas agir? Ce que Benyamin Netanyahou nie en bloc. Le renseignement égyptien avait-il informé Tel-Aviv que « quelque chose de gros » se tramait? Alors que de son côté le Hamas a toujours soutenu que l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » était totalement confidentielle et que le nombre des dirigeants au sein du mouvement islamiste informés de la préparation de l’attaque pouvaient être comptés sur les doigts d’une main? Enfin, l’alerte communiquée à Israël contenait-elle des renseignements concrets ou une vague mise en garde que les choses pourraient exploser en raison de la situation politique et humanitaire à Gaza?
Effervescence
Quoiqu’il en soit, la classe politique israélienne est en pleine effervescence. Et ce, suite à un tweet publié à une heure tardive du samedi 28 octobre par Benyamin Netanyahu, dans lequel il se disculpait du fiasco du 7 octobre pour se dédouaner sur les renseignements militaires et le Shin Bet, le service de sécurité intérieure.
Mea culpa
Le tollé était tellement général qu’il fut contraint d’effacer le message posté sur les réseaux sociaux. Il présenta ensuite des excuses pour avoir renvoyé en pleine guerre la responsabilité de l’impréparation d’Israël le samedi 7 octobre sur les forces de sécurité. Mais le mal est fait.
« Les propos que j’ai tenus n’auraient pas dû être tenus et je m’en excuse », a-t-il platement écrit. Avant d’ajouter soutenir « pleinement tous les chefs des forces de sécurité. Je renforce le chef d’état-major, les commandants et les soldats de Tsahal qui sont au front et se battent pour notre pays ».
Toutefois, il a admis « un terrible échec » en conférence de presse, promettant de faire la lumière sur les événements. « Mais tout cela se déroulera après la guerre », poursuivait-il.
« Un échec impardonnable »
Or, ces excuses n’ont pas calmé la classe politique israélienne. La réaction du chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid fut d’une rare violence. Suite à la bavure monumentale de son adversaire politique, il s’empressa d’accuser dans un post sur X publié dimanche 29 octobre le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahu d’un « échec impardonnable » pour ne pas être parvenu à empêcher l’attaque perpétrée par le mouvement Hamas en Israël. Ajoutant qu’il ne rejoindrait pas le gouvernement de Netanyahou avec des « extrémistes ». Tout en estimant que « celui qui provoque un échec ne peut le réparer ».
Plus grave encore. Contrairement à ce qu’il affirme, accuse Yaïr Lapid, le premier ministre, disposait d’informations relatives à l’attaque du Hamas qui se préparait. « À la veille de Yom Kippour, le 20 septembre, j’ai publié un avertissement inhabituel contre une violente flambée de violences sur plusieurs scènes. Les documents de renseignement sur lesquels je me suis appuyé ont également été soumis à Netanyahou. Ceux qui ont apporté les renseignements sont les mêmes membres du système de sécurité que Netanyahou accuse désormais de ne pas avoir averti ».
Le chef de l’opposition israélienne a d’autre part jugé que Benyamin Netanyahou avait franchi une « ligne rouge »en rejetant la responsabilité de l’impréparation israélienne le 7 octobre sur l’armée et les services de renseignement. « Alors que les soldats et les commandants de Tsahal se battent contre le Hamas et le Hezbollah, il tente de les blâmer au lieu de les soutenir. Les tentatives d’échapper à la responsabilité et de rejeter la faute sur l’establishment de la sécurité affaiblissent Tsahal alors qu’il combat les ennemis d’Israël. Monsieur Netanyahou doit s’excuser pour ses propos. »
De l’avis général, et alors que tout le monde crie à l’incompétence du Premier ministre dans la gestion de la crise, l’union sacrée qui a suivi l’offensive du Hamas a de facto volé en éclat. En attendant, personne ne miserait un copeck sur le maintien de Natanyahou à la tête du gouvernement. Mais pas en pleine guerre qui s’annonce « longue et difficile », selon son propre aveu.