L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), à travers sa directrice générale, Audrey Azoulay, a dévoilé, lundi 6 novembre, un plan d’action visant à réguler les publications dans les médias sociaux.
« La libération de la parole par le numérique a représenté d’immenses progrès. Mais les médias sociaux ont aussi accéléré et amplifié la diffusion de fausses informations et de discours de haine, faisant peser des risques majeurs sur la vie en société, la paix et la stabilité. Pour protéger l’accès à l’information, nous devons encadrer sans attendre ces plateformes, tout en protégeant la liberté d’expression et les droits humains ». La phrase est signée Audrey Azoulay, la directrice générale de l’UNESCO, selon Info ONU.
On nous apprend que ledit plan d’action est le fruit d’une concertation d’une grande ampleur dans le système des Nations unies, avec plus de 10 000 contributions issues de 134 pays recueillies ces dix-huit derniers mois. Il détaille les « principes à respecter et les mesures concrètes à mettre en œuvre par toutes les parties prenantes – gouvernements, autorités de régulation, société civile et plateformes elles-mêmes ».
Préservation de la liberté d’expression
Parmi ces principes, il y a le respect des droits de l’Homme, la mise en place de régulateurs indépendants, ou la transparence des algorithmes.
« Il y a une exigence cardinale, qui a guidé nos travaux : celle de préserver toujours la liberté d’expression et tous les autres droits humains. Contraindre ou brider la parole serait une terrible solution. Des médias et des outils d’information libres, de qualité et indépendants, constituent la meilleure réponse sur le long terme à la désinformation », plaide la DG de l’UNESCO.
Ainsi, le plan d’action prévoit que les plateformes doivent, notamment, se doter d’équipes de modérateurs qualifiés, en nombre suffisant et, parlant, toutes les langues principales de leur média social. Et ce, afin de pouvoir effectuer un contrôle fiable et efficace des contenus mis en ligne, lit-on sur le site de l’organisation. « Ces équipes doivent assurer la transparence du processus de modération, y compris lorsque celui-ci est automatisé par des algorithmes. Elles doivent aussi faciliter leur usage, dans toutes les langues principales du pays dans lequel elles opèrent, et rendre compte des signalements et réclamations des utilisateurs ».
85% des citoyens sondés inquiets
Et ce n’est pas tout, le plan d’action de l’UNESCO prévoit également « des mesures particulières pour garantir l’intégrité électorale, et pour faire face aux situations d’urgence, tels que les conflits armés et les catastrophes ». Des éléments spécifiques au secteur culturel ont également été inclus, mettant l’accent sur les risques encourus par les artistes et la nécessité d’avoir accès en ligne à un « contenu culturel diversifié ».
La publication du plan d’action de l’UNESCO s’accompagne d’une enquête d’opinion auprès de 8 000 personnes dans 16 pays où se tiennent des élections en 2024. « Elle indique que 85 % des citoyens sont inquiets de l’impact de la désinformation en ligne; alors que les médias sociaux sont devenus pour une large majorité d’entre eux la première source d’information ».
La même enquête indique que 87 % des citoyens interrogés pensent que cette désinformation a déjà eu un impact majeur sur la vie politique de leur pays et craignent qu’elle pèse sur les résultats des élections prévues dans leur pays en 2024. « En conséquence, ils sont 88 % à demander que les gouvernements et les régulateurs résolvent rapidement ce problème en régulant les médias sociaux ».
Seront-ils entendus? Pas si sûr.