Une nouvelle farine riche en fibres sera utilisée dans la production du pain, dans le cadre d’une première expérience lancée par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche. Cette farine extraite du blé tendre et qui contient plus de fibres, va servir à fabriquer des baguettes avec une meilleure valeur nutritive, mais au même prix que les baguettes classiques (190 millimes).
L’objectif de cette démarche est de préserver la santé du citoyen et mieux gouverner la filière céréalière, ont expliqué des responsables du ministère de l’agriculture, vendredi, lors d’une journée d’information organisée à Tunis.
La présidente directrice générale de l’Office des céréales, Saloua Ben Hadid Zouari a précisé, à cette occasion, qu’il s’agit d’un changement de la méthode d’extraction de la farine du blé tendre pour obtenir une variété riche en fibres et en vitamines destinée à la fabrication du pain sans pour autant toucher au pouvoir d’achat du citoyen.
« La démarche consiste à extraire 85 kilogrammes de farine à haute teneur en fibres de chaque 100 kilogrammes de blé tendre, au lieu de 78 kg actuellement, pour les utiliser dans la fabrication des baguettes subventionnées », a-t-elle encore indiqué.
D’après elle, le département de l’Agriculture vise à travers cette expérience lancée dans le cadre d’un programme global, à réformer et à assurer la bonne gouvernance du secteur céréalier.
De son côté, le président de l’Organisation tunisienne pour Informer le Consommateur (OTIC), Lotfi Riahi, a déclaré à l’agence TAP, qu’au-delà de ses apports nutritifs, cette nouvelle variété de farine subventionnée va renforcer l’orientation de la subvention vers les ayants droit, parce que ce type de la farine qui contient du son, ne peut être destiné à autres usages que la fabrication du pain.
Et d’ajouter que « cette nouvelle variété, contrairement à la farine ordinaire, ne peut pas être utilisée par les industriels, les boulangers et autres pour fabriquer les pâtisseries et les vendre, ensuite, à des prix exorbitants. Il s’agit également, d’un nouveau pas dans la lutte contre la crise du pain ».
Le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche, Abdelmonem Belati a souligné, dans son intervention, que son département a mis en place un programe global comportant près de 10 mesures pour la bonne gouvernance du secteur céréalier, qui compte parmi les priorités du ministère. « Il s’agit entre autres mesures d’optimiser la rentabilité des usages du blé tendre importé à travers le changement de la composition de la farine destinée à la fabrication du pain et de réaliser l’autosuffisance en blé dur (destiné à la préparation des pâtes et du couscous) compte tenu de son coût élevé sur les marchés mondiaux.
Belati a fait remarquer que le changement de la qualité de la farine et la gouvernance du secteur céréalier constituent aussi des solutions urgentes face aux changements climatiques, d’autant plus que la récolte céréalière n’a pas dépassé 0,3 million de tonnes contre des prévisions estimées à 1,2 et 1,5 million de tonnes.
« Nous avons pensé à des solutions pour pallier à cette situation, en concertation avec les autres départements ministériels concernés », a t-il ajouté.
Le département de l’Agriculture prévoit également, dans le cadre du programme de gouvernance des céréales, d’exploiter les chemins de fer pour l’acheminement des céréales à partir des ports, afin de réduire le coût du transport, en plus de la distribution des quantités de céréales importées stockées dans les dépôts de l’Office des céréales situés dans les ports.
D’après ses dires » il est absurde qu’un bateau chargé de céréales importées stationne au port plus que 15 jours jusqu’à son déchargement. Cette situation coûte cher à l’Office des céréales et partant contraint l’Etat à payer des pénalités de retard ».
Le programme de gouvernance des céréales élaboré par le ministère de l’Agriculture prévoit également des réformes touchant tous les maillons de la chaîne. Il consiste à acquérir 60 wagons, réaménager les lignes de chemins de fer à Bizerte, Gabès, Radès et Bir Kaasa (Ben Arous) et lancer une plateforme virtuelle de l’Office des céréales destinée à la collecte.
Autres mesures prévues, dans ce cadre, la garantie de la disponibilité des intrants agricoles, l’utilisation des semences déjà expérimentées pour augmenter la productivité et la production outre le renforcement de la capacité de stockage en l’augmentant de 136 mille tonnes, moyennant un investissement de l’ordre de 115 millions de dollars destinés à financer des projets à partir de 2024.
Avec TAP