Un chiffre révélé par une étude française fait froid dans le dos : 16 990. Et c’est le nombre de personnes décédées suite à la prise de l’hydroxychloroquine comme médicament contre la Covid-19 lors de sa première vague.
Œuvre de chercheurs français, ladite étude explique que ces 17 000 décès ont été enregistrés en France, Italie, Belgique, Espagne, Turquie et aux Etats-Unis, rapporte francetvinfo.fr. « En France uniquement, cette molécule est à mettre en lien avec 200 décès lors de la première vague de Covid-19 », lit-on.
Notons que l’hydroxychloroquine était spécifiquement utilisé contre le paludisme au départ. Mais lors de la pandémie, le Pr Didier Raoult, ancien directeur de l’IHU de Marseille, présentait ce médicament comme « un traitement efficace contre la Covid-19 ». D’où sa prescription massive dans de nombreux pays durant la première vague.
Une augmentation de 11 % du taux de mortalité
Sauf que des travaux de recherche menés montrèrent très rapidement l’inefficacité l’hydroxychloroquine. D’ailleurs, une étude parue dans la revue Nature en 2021 faisait état d’« une augmentation de 11 % du taux de mortalité, en lien avec sa prescription contre la Covid-19, à cause d’effets indésirables potentiels comme des troubles du rythme cardiaque; mais aussi en raison de pertes de chance par rapport à l’utilisation d’autres traitements, qui, eux, étaient efficaces ».
Quant au chiffre de 16 990 morts, rapporte notre source, les chercheurs des Hospices civils de Lyon (13 hôpitaux publics d’excellence) « ont dû croiser, pour chacun des six pays étudiés, les données d’hospitalisation pour Covid-19, l’exposition à l’hydroxychloroquine et l’augmentation du risque relatif de décès lié à ce médicament, les fameux 11 %, publiés dans la revue Nature précédemment. On parle donc bien ici de données statistiques, sur lesquelles il existe une marge d’erreur », tient à préciser francetvinfo.fr.
Combien de morts en Afrique?
Autrement dit, le nombre de victimes est peut-être bien plus grand. Déjà que l’étude n’a pris en considération que les données de six pays et sur une période courte (mars-juillet 2020). Et quand on sait qu’en Afrique l’hydroxychloroquine est largement utilisée dans le traitement du paludisme, imaginez-vous maintenant qu’on informe les Africains que ce médicament ne peut guère soigner la maladie qui les touche eux aussi…
Toujours dans cet ordre d’idées, un collectif de scientifiques a publié une tribune en mai 2023 dans Le Monde pour attirer l’attention sur d’éventuels dangers d’utilisation précipitée de vieux médicaments. « La démonstration des effets des médicaments chez l’homme répond à des normes éthiques et scientifiques construites depuis des décennies, les respecter est essentiel pour garantir la sécurité des patients », conclut ce collectif.