La semaine prochaine sera marquée par une bataille juridique dans l’enceinte de la Cour Internationale de Justice (CIJ) à La Haye. En effet, le jeudi 11 et le vendredi 12 janvier, la plus haute juridiction de l’ONU entendra les arguments de l’Afrique du Sud et d’Israël, après le dépôt par Pretoria d’une requête contre l’entité sioniste pour « génocide » contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza.
Dans sa requête de 84 pages, l’Afrique du Sud appelle la CIJ à ordonner d’urgence la suspension des opérations militaires dans l’enclave palestinienne, car Israël « s’est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza ».
Mais l’objet principal de la requête sud-africaine consiste en une demande d’enquête sur le génocide que perpétue Israël à Gaza depuis le 8 octobre 2023 jusqu’à ce jour. Plus de 1 % de la population de Gaza est mort; plus de 50000 sont blessés et handicapés; 70 % des habitations sont détruites dont la quasi-totalité des hôpitaux et des écoles; 85 % de la population sont déplacés, souffrant de la faim, de la soif, du froid et du manque de soins…
C’est cette situation de violence sans précédent dans le conflit israélo-palestinien qui amène l’Afrique du sud à considérer dans sa requête que « les actions d’Israël sont de caractère génocidaire parce qu’elles visent à provoquer la destruction d’une partie substantielle du groupe national et ethnique palestinien ».
On lit également dans la requête de Prétoria à la CIJ : « Il n’y a pas d’hôpitaux fonctionnels dans le nord de Gaza, en particulier, de telle sorte que les personnes blessées sont réduites à attendre de mourir, incapables de recourir à une intervention chirurgicale ou à un traitement médical au-delà des premiers soins, à mourir lentement, à mourir dans des souffrances atroces à cause de leurs blessures ou des infections ».
« Dans toute la bande de Gaza, Israël a ciblé les infrastructures et les fondements de la vie palestinienne, créant délibérément des conditions de vie susceptibles d’entraîner la destruction physique du peuple palestinien », lit-on encore dans la requête sud-africaine.
Pour prouver l’intention génocidaire de l’entité sioniste, l’Afrique du sud cite dans sa requête les déclarations de nombreux dirigeants israéliens qui montrent clairement « l’intention du pays à commettre des actes de génocide ».
A commencer par le président israélien Isaac Herzog qui a affirmé le 12 octobre : « C’est toute une nation qui est responsable. Ce discours selon lequel les civils ne sont pas conscients et ne sont pas impliqués n’est pas vrai. Ce n’est absolument pas vrai. […] Et nous nous battrons jusqu’à ce que nous leur brisions l’échine. »
Le 10 novembre 2023, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a affirmé dans un discours télévisé : « Lorsqu’Israël déclare qu’il détruira le Hamas, cela inclut ceux qui célèbrent, ceux qui soutiennent et ceux qui distribuent des bonbons – ce sont tous des terroristes qui devraient également être détruits. »
D’autres dirigeants politiques et militaires sont cités allant de celui qui a appelé à infliger « une autre Nakba » aux Palestiniens, à celui qui les a traités d’ « animaux humains » en passant par celui qui a appelé à « raser Gaza par une bombe nucléaire ».
La requête sud-africaine ne met pas seulement Israël dans l’embarras. Les États-Unis se sentent visés aussi et redoutent visiblement d’être accusés de complicité à travers les milliers de tonnes d’armements, y compris les bombes de 1000 kilogrammes, sans la livraison desquels Israël n’aurait jamais été capable de causer de tels dégâts et de tels massacres. C’est donc sans surprise que la Maison Blanche a critiqué mercredi 3 janvier la requête sud-africaine contre Israël déposée auprès du CIJ.
Interrogé sur cette requête de 84 pages que l’Afrique du Sud a déposée contre Israël, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré : « Nous trouvons cette plainte sans fondement, contre-productive et totalement dénuée de tout fondement factuel. »
Pour M. Kirby, la destruction de 85 % de Gaza et le massacre de 25000 de ses habitants, en majorité des femmes et des enfants, ne peuvent pas constituer un « fondement factuel »… Un déni qui en dit long sur l’embarras qui règne à la Maison Blanche. Car Joe Biden et ses lieutenants savent pertinemment que si Israël est reconnu coupable de génocide par la CIJ, cela impliquerait forcément les États-Unis, fournisseurs d’armes et de couverture politique, sans conditions ni lignes rouges, à la guerre génocidaire que mène leur allié israélien à Gaza.
La bataille juridique qui s’annonce à la CIJ à partir du 11 janvier mettra dans le pétrin les génocidaires israéliens et leurs complices américains.