La décision de la Chine de concentrer ses efforts économiques sur le secteur manufacturier pourrait provoquer une nouvelle guerre commerciale avec d’autres puissances industrielles mondiales. Ainsi préviennent les analystes de Bloomberg Intelligence.
Avec une croissance freinée par des difficultés économiques telles que les effets persistants de la pandémie de Covid-19 et la crise du secteur immobilier qui frappe le pays depuis deux ans, Pékin a commencé à investir massivement dans le secteur manufacturier.
Cette stratégie se reflète dans la forte augmentation des prêts aux entreprises industrielles, qui ont bondi de 38,2 % sur un an au cours des trois premiers trimestres 2023, selon les données de la banque centrale chinoise. En comparaison, les encours de crédits au secteur immobilier ont diminué de 0,2 % sur la même période.
L’investissement global dans le secteur manufacturier a également bondi de 6,3 % au cours des neuf premiers mois de 2023 sur un an et de 11,3 % dans l’industrie manufacturière de haute technologie en particulier. C’est aussi ce qui ressort des données du Bureau national chinois des statistiques.
Dans le même temps, la Chine a atteint un excédent de produits manufacturés d’environ 2 % du PIB mondial. Un niveau jamais vu depuis les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, estime Bloomberg Intelligence.
Les analystes de l’agence estiment qu’environ 45 % des produits manufacturés chinois sont exportés, depuis les voitures jusqu’aux machines à laver. La demande intérieure étant incapable de suivre la production. Pékin a particulièrement réussi à produire et exporter des véhicules électriques, des batteries et des panneaux solaires. La valeur de ces exportations a augmenté de 42 % sur un an au cours des trois premiers trimestres de 2023, selon les statistiques officielles.
Même si l’accent mis sur l’industrie manufacturière a jusqu’à présent aidé le pays à éviter une récession similaire à celle qui a frappé les États-Unis après l’effondrement de son propre marché immobilier en 2008, cela risque de créer des déséquilibres dans la production mondiale qui pourraient conduire à des tensions commerciales accrues avec d’autres pays, préviennent les analystes de l’agence.