« Continuer à y croire malgré tous les obstacles » Emel Tounsi, directrice Réseau Entreprendre Tunisie. Elle est pleine d’enthousiasme, et à travers cet entretien elle essayera de nous faire partager cet entrain. Aujourd’hui Directrice Réseau Entreprendre Tunisie, la jeune Emel Tounsi croit fermement en l’avenir. « C’est à nous de changer la donne et d’inverser la tendance », nous dit-elle. Renverser la tendance et croire en l’avenir, c’est ce qu’elle est en train de faire avec le Réseau Entreprendre qu’elle nous fera connaître en nous faisant partager ses valeurs et ses ambitions
Vous dirigez Réseau Entreprendre Tunisie. De quoi on parle exactement ?
Réseau Entreprendre a vu le jour en 1986 en France. C’est l’œuvre d’André Mulliez, un entrepreneur chevronné qui a voulu rendre à son pays ce qu’il lui a donné. Depuis, c’est un réseau qui n’a cessé de se développer au niveau international, étendant son influence dans 10 pays, parmi lesquels la Belgique, le Chili, l’Espagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal, le Sénégal, la Suisse et bien évidemment la Tunisie.
Réseau Entreprendre Tunisie a été créé en 2010. Ainsi, nous faisons partie de cette communauté internationale composée de 15 000 chefs d’entreprise. Et c’est le 25 février 2011 que nous avons accompagné notre premier lauréat. Et sa principale mission est de contribuer, à son tour, à la réussite de nouveaux entrepreneurs significativement créateurs d’emploi et de richesse. La particularité de Réseau Entreprendre Tunisie, c’est, non seulement l’accompagnement de nouveaux entrepreneurs par des chefs d’entreprise chevronnés, mais également l’octroi de prêts d’honneur allant jusqu’à 30 000 dinars – remboursables à partir de 18 mois sur 5 ans – et la connexion à ce réseau mondial de 15 000 chefs d’entreprise.
Aujourd’hui, nous disposons de 6 implantations qui couvrent une grande partie du territoire tunisien : Bizerte, Gabès, Mahdia, Sfax, Sousse et bien évidemment Tunis. Ce sont ainsi plus de 200 membres chefs d’entreprise qui accompagnent, à titre bénévole, en donnant de leur temps, les nouveaux entrepreneurs. Ils partagent avec eux leur expérience et leur expertise. Actuellement, ils sont plus de 320 lauréats jeunes créateurs d’entreprise et d’emploi. A noter par ailleurs que les lauréats de notre association ont contribué à la création de plus de 4000 emplois directs.
Commençons par le financement. D’où vient-il ?
Il y a d’abord les cotisations et les dons qui servent aux frais de fonctionnement de l’association. Pour les prêts, on lève des fonds. Plusieurs partenaires nous ont soutenus sur la durée. Ce sont des dotations qui vont principalement alimenter notre fonds de prêts. C’est un fonds revolving. C’est de l’argent qu’on prête à taux zéro et qu’on va récupérer cinq ans plus tard, pour, par la suite, servir quelqu’un d’autre.
Quel est le taux de remboursement?
Il n’est pas à 100%. Cela dit, je pense que nous avons réussi à créer une chaine de solidarité, en ce sens que l’argent qui a servi à une personne peut servir à une autre personne. Quand on explique cette noble cause, qui peut être beaucoup plus globale, les personnes, en majorité, remboursent. Et nous pouvons dire que le taux de remboursement est en train de s’améliorer significativement.
Mais au fur et à mesure du temps, nous sommes devenus de plus en plus sélectifs. Nous essayons de voir si les personnes que nous aidons ont les valeurs qui sont les nôtres. Il ne s’agit pas seulement de rembourser son prêt. Il s’agit aussi de savoir si cette personne intégrera notre association au bout de cinq ans et fera la même chose que la personne qui l’a précédée. C’est cela, en fin de compte, notre but : créer cette chaîne d’entraide.
Extrait de l’interview qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 886 janvier 2024 spécial classement des entreprises