Les discours des responsables militaires et politiques israéliens donnent l’image d’un pays qui ressemble à un malade qui a perdu la tête et dont les accès de délire hallucinant sont de plus en plus fréquents. Le dernier en date remonte au dimanche 4 février. Dans une interview au Wall Street Journal, le ministre de la sécurité d’Israël, le fasciste Itamar Ben Gvir, s’en est pris au président américain Joseph Biden. Ce dernier, estime-t-il, n’est pas en train d’aider Israël, mais le Hamas : « Au lieu de nous aider, Biden s’occupe de fournir de l’aide humanitaire et du carburant qui va au Hamas. Si Trump était au pouvoir, la conduite des Etats-Unis serait complètement différente. »
D’un seul coup, et en signe de reconnaissance du soutien inconditionnel et des centaines d’avions-cargos chargés d’armements, Ben Gvir gifle l’Amérique et son président. Il dévoile par la même occasion l’impatience de la clique au pouvoir à Tel-Aviv de voir Trump revenir à la Maison Blanche. Le tout, sans la moindre réaction de Biden & Co très occupés à lancer bombes et missiles sur le Yémen, la Syrie et l’Irak; au lieu d’obliger Netanyahu à arrêter la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza.
Le drame, c’est que le Ben Gvir n’est pas seulement populaire parmi les colons de Cisjordanie, mais il a gagné en popularité auprès de larges couches de la population israélienne que les événements du 7 octobre ont contribué à radicaliser encore plus.
L’attaque contre la politique américaine, pourtant aveuglément pro-israélienne, par un ministre du gouvernement de Benyamin Netanyahu est le dernier signe du grand désarroi des dirigeants israéliens qui ne savent plus quoi dire ni quoi faire. Des dirigeants qui, de jour en jour, ne font que s’attirer le mépris sur eux-mêmes et la honte sur leur pays.
Le fond du problème en Israël réside dans la pathologie dont souffre son peuple majoritairement convaincu que toute la terre de la Palestine leur appartient ; que la Cisjordanie et Gaza « doivent être libérés de l’occupation palestinienne »; et que « il y a 22 pays arabes où les Palestiniens peuvent s’installer »…
Rien d’étonnant que, depuis des décennies, un tel peuple ne choisit que les plus extrémistes pour gouverner Israël. De Menahem Begin à Itzhak Shamir, d’Ariel Sharon à Benyamin Netanyahu et ses amis fascistes qui gouvernent avec lui aujourd’hui, le peuple israélien a toujours pris soin d’élire au pouvoir des dirigeants à son image.
La question qui se pose alors est : comment les dirigeants choisis par ce peuple minuscule ont-ils pu, des décennies durant, se comporter en hors-la-loi, défiant continuellement les principes les plus élémentaires de la morale et les centaines de résolutions de l’ONU, tout en bénéficiant continuellement de l’impunité la plus totale?
La réponse se trouve à dix mille kilomètres d’Israël, là où vit un peuple caractérisé dans sa grande majorité par un mélange d’indifférence, d’insouciance et d’ignorance en rapport avec la nature hallucinante de la relation israélo-américaine.
Alors que ce sont les bombes américaines pesant jusqu’à une tonne qui servent depuis plus de quatre mois à massacrer femmes et enfants par dizaines de milliers, alors que Biden & Co continuent de s’opposer fermement à tout arrêt de la guerre génocidaire ; seulement quelques milliers d’Américains sur 300 millions d’habitants ont exprimé leur opposition au soutien aveugle de leur pays aux criminels de guerre israéliens.
La relation israélo-américaine prend un aspect criminel dans le sens où une grande puissance fournit le soutien militaire, financier et diplomatique à un pays occupant pour l’aider à massacrer le peuple occupé. Les historiens auront bien du mal à trouver dans leurs archives des exemples de ce genre de relations pathologiques entre une grande puissance qui non seulement se laisse mener par le bout du nez par le pays minuscule qu’elle soutient, mais qui, de temps à autre, se fait même insulter et gifler.
De la gifle de Ben Gvir à Biden en 2024, à l’immense estocade de Golda Meir à Lyndon Johnson en 1967 (l’aviation israélienne avait alors attaqué impunément l’USS Liberty le 8 juin 1967 dans les eaux internationales faisant 170 morts parmi les Marines), en passant par l’humiliation infligée à Washington même à Barak Obama en 2015 par Benyamin Netanyahu, l’Amérique est habituée aux gifles israéliennes. Mais, jusqu’à ce jour et pour toute réaction, la plus grande puissance du monde se contente de se gratter la joue et de regarder ailleurs.