Du côté des médecins, on ne sait plus à quel virus se vouer. Panique à l’officine. Il faut dire que la Covid-19, avant même qu’elle n’ait eu le temps de placer un mot, voilà que la grippe aviaire lui fait du coude et lui demande de faire de la place. La Covid-19, qui a conduit le monde d’une main de fer pendant plus de trois ans, déchante et commence à piailler. Du coup, le nouvel oiseau rare fait des ravages. Il nous prive d’oxygène et nous oblige à nous mettre au régime. Un régime qui nous étouffe à force de nous mettre à l’isoloir.
A propos d’isoloir, on nous rappelle, ces derniers jours, qu’il y a maintenant un an, 365 jours, qu’un certain nombre de prisonniers dans l’affaire du complot contre l’Etat sont en prison. Il fallait bien les isoler, histoire qu’ils ne contaminent pas la société par ce virus comploteur. Le confinement était la seule solution pour endiguer la propagation de la Covid-19, le temps qu’on trouve des scientifiques capables de lui tenir tête, en usant de l’intelligence humaine mise au service de la santé pour tous.
La pandémie des tenants du complot débusqué à tous les coins de rue ne relève malheureusement pas de la science. On nous dit que l’appareil judiciaire se saisit de la question en vue de démêler le vrai du faux. Le temps de la justice, on le sait, n’est pas celui de certains réseaux sociaux devenus instruments de la désinformation souvent affidée. Cela dit, il est temps, après un an, qu’on nous dise où en sont les choses. Il serait malheureux de découvrir, après tout ce temps de confinement, qu’il y avait une erreur de diagnostic. Ce serait malheureux, surtout qu’il y a certainement quelques-uns dans le lot qui présentent un vrai danger pour la nation et qu’il faut garder en confinement prolongé.
Chez nous, parce que le canard est devenu boiteux, on devient à l’occasion sauvage. C’est le cas de cette histoire d’Abir Moussi qui pourrait être assassinée par les tueurs de Chokri Belaïd. C’est, du moins, ce que nous annonce l’avocat et membre du comité de défense de la présidente du PDL, Karim Krifa. Avec les vaccins et les corticoïdes, le virus tue, désormais, rarement. A contrario, et malgré l’adage, le ridicule tue à tous les coups. A force de crier au loup, le petit berger a perdu ses chèvres. La fuite en avant est aussi une pathologie, sauf que pour cette dernière, la Cnam ne rembourse pas.
A ce propos, tout le monde sait que le système des assurances maladie est sur le point d’imploser, celui des retraites aussi. Pourtant, par on ne sait quel miracle, ces caisses commencent à distribuer de l’argent. Des prêts à tout-va pour, entre autres, acheter des voitures populaires. Cela part certainement d’un bon sentiment, mais l’enfer est aussi, dit-on, pavé de bonnes intentions. Perdre le peu de devises qu’on a pour importer des voitures, c’est quelque part ouvrir les portes de l’enfer. L’enfer de ne plus pouvoir rembourser nos dettes.
La lutte contre la corruption et le pillage des richesses de la nation feront certainement remplir, un tant soit peu, les caisses de l’Etat. Mais est-ce suffisant? Présenter ce fléau comme le remède de tous nos maux est un peu exagéré. Se vacciner contre la grippe éliminera le virus, mais ne soignera pas le cœur qui n’arrive plus à pomper assez de sang dans le corps. Pour trouver le bon remède, il faut savoir faire le bon diagnostic. Et pour faire le bon diagnostic, il faut avoir une bonne équipe médicale. Mais là, c’est une autre paire de manches.
Le mot de la fin qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 888 du 14 au février 2024