Alibaba, le géant chinois de l’internet, a annoncé son lancement en Tunisie, suscitant un accueil chaleureux. Cette expansion s’inscrit dans le cadre de l’initiative lancée en 2018 par l’UNCTAD et Alibaba Global Initiative visant à inspirer l’Afrique par le modèle de transformation digitale chinoise. Sami Tounsi, un entrepreneur digital tunisien, a joué un rôle clé en établissant des relations privilégiées avec Alibaba et en formant le groupement économique Semsem, réunissant des startup et des entreprises locales.
Le partenariat vise à développer l’e-commerce en Tunisie et en Afrique du Nord, ainsi qu’à favoriser des solutions innovantes pour stimuler les exportations et équilibrer la balance commerciale. Plusieurs accords ont déjà été conclus, notamment entre Alibaba Business School et l’Université Internationale de Tunis pour former une nouvelle génération d’e-commerçants. Un autre partenariat a été établi avec Thirdeye, une société spécialisée dans le Trade marketing et la distribution, pour accompagner les exportateurs industriels et artisans dans l’accès à la plateforme B2B Alibaba.com. Interview :
– En quoi consiste l’Initiative de Transformation Digitale d’Alibaba?
Il s’agit d’une initiative nationale chinoise dont Alibaba Group a été un acteur majeur en tant que partenaire privé de l’Etat. Une stratégie ayant permis à la Chine de numériser entièrement sa société repose sur la confiance et le partenariat avec les entrepreneurs locaux. Cette approche consiste à simplifier les procédures pour favoriser l’émergence de champions nationaux, une méthode désormais largement adoptée par de nombreux pays développés.
Grâce à ces champions nationaux, la Chine a réussi sa souveraineté numérique et les données ont été nationalisées, favorisant ainsi un développement socio-économique équilibré et inclusif.
-Comment est perçu l’e-commerce en Tunisie et en Afrique du Nord, et comment peut-il contribuer au développement économique de la région ?
L’e-commerce est un canal de distribution inclusif puisqu’il permet un accès à un marché sans limite spatio-temporelle; contrairement à la distribution classique. Ce qui permet de créer plus d’opportunités à de nouveaux acteurs ou l’innovation devient un facteur clé de succès.
Ceci ouvre la porte au développement industriel et à la recherche de compétitivité. Surtout lorsque cette industrie est ouverte à un marché international.
Dans les secteurs où nous disposons d’un avantage comparatif significatif, comme le tourisme, la digitalisation des acteurs, y compris les commerces et artisans, les incitera davantage à améliorer leurs services et prestations.
Il faut également noter qu’Alibaba détient la plateforme de tourisme Fliggy, considérée comme la troisième plateforme mondiale. Par ailleurs une interopérabilité entre notre wallet national et le wallet Alipay pourrait encourager de nombreux touristes Chinois et Asiatiques (dont les portefeuilles sont interopérables) à visiter l’Afrique et la Tunisie en particulier.
– Quelles seraient les solutions innovantes pour stimuler les exportations?
Vous pourrez avoir plus de détails lors des prochains partenariats.
– Dans un monde en évolution rapide, avec des métiers qui disparaissent et d’autres qui émergent, notamment la nouvelle génération d’e-commerçants, peut-on considérer que le défi de stimuler les exportations et le drop shipping en Afrique est relevé?
Il s’agit d’un premier pas qui permettra d’élever le niveau du secteur. Il est indéniable que la Tunisie, étant géographiquement située au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et du Moyen-Orient, pourrait devenir un nouveau hub régional pour l’exportation et le commerce international. Il est probable que nous assistions à l’émergence de futurs comptoirs de Carthage qui entraîneront inévitablement un développement industriel, logistique et financier.
Par ailleurs, l’e-commerce poussera de plus en plus les acteurs à utiliser le paiement électronique. Ce qui incitera les commerçants à favoriser le paiement mobile. Cela favorisera une forte inclusion financière et fiscale.
– Est-ce que les exportateurs industriels et artisans bénéficieront d’une facilitation accrue et d’un ciblage plus efficace des acheteurs potentiels sur la plateforme qui compte plus de 400 millions d’acheteurs actifs dans le monde?
Evidemment, puisque au delà de notre partenariat avec le groupe Alibaba grâce à une initiative de l’UNCTAD, ce projet de booster les exports depuis les pays émergeants vers la Chine est soutenue par le ewtp.org, une initiative entre le groupe Alibaba et le gouvernement chinois.
Grâce à cette démarche on a la possibilité d’accompagner les exportateurs dans une deuxième phase de passer sur les plateformes domestiques du groupe Alibaba tel que Tmall, Taobao, Freshippo… Il est cependant important de noter que les pays développés sont très présents sur ces plateformes et la concurrence sera rude.
Un secteur où nous pourrions avoir de très bonnes opportunités sur le moyen et long terme grâce à un travail important de branding sur l’origine tunisienne est celui de l’huile d’olive. Même si les huiles italiennes et espagnoles sont bien positionnées, la compétition reste sur un continent neutre vu qu’elles sont souvent beaucoup mieux positionnées en Europe et aux Etats-Unis.
– Quelles seront les actions concrètes de l’équipe tunisienne pour assurer un soutien logistique et de paiement, permettant aux exportateurs de vendre sur les plateformes e-commerce domestiques d’Alibaba qui seront lancées fin février/début mars?
Des solutions sont en cours de développement et les futurs étudiants les découvriront lors de leur formation qui débutera à partir du mois d’avril.
De manière générale, il est essentiel de placer sa confiance dans ces projets. Car sur le plan technique, tout cela est réalisable. C’est là toute la puissance du numérique, capable de surmonter les distances physiques et d’englober un maximum d’individus. Toutefois, cela ne peut se concrétiser que si la réglementation est suffisamment flexible et adaptée.