Le débat sur l’économie verte gagne en importance, notamment pour aider à lutter contre le changement climatique et ses effets. En Tunisie, la question de savoir si nous sommes en avance ou en retard dans ce domaine ressort clairement de l’atelier de restitution des résultats d’une étude sur l’émission d’obligations vertes qui s’est tenu le 4 mars 2024 au siège de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT). Cet événement a rassemblé divers représentants des secteurs public et privé, ainsi que des partenaires bilatéraux et multilatéraux impliqués dans l’investissement vert.
La Caisse des dépôts et consignations (CDC) se prépare à émettre des obligations vertes. Selon Nejia Gharbi, directrice générale de la CDC, les green bonds sont essentiels pour financer les projets verts et contribuer au développement durable du pays. La CDC a travaillé pendant plus de deux ans pour établir un cadre et un reporting appropriés pour ces financements. Elle souligne que les obligations vertes permettent de lever des fonds tout en réalisant des projets favorisant la transition énergétique et écologique.
Elle a également rappelé la mission de la Caisse qui consiste à appuyer les politiques publiques notamment en matière de transition énergétique et écologique. Elle a également réitéré l’engagement de la Caisse à travers une offre financière innovante et verte. Et c’est dans ce cadre que s’inscrit ce projet de prospection du marché des investissements verts et de la préparation des prérequis pour une éventuelle émission d’obligations vertes.
Sur le plan international, le marché des obligations vertes a connu une forte croissance ces dernières années, passant de 37,6 à 2160 milliards de dollars en 2022, selon les données présentées lors de l’événement.
L’étude sur l’émission d’obligations vertes en Tunisie, réalisée par la CDC en collaboration avec la BVMT et la Banque mondiale, met en lumière la nécessité d’innover dans le financement des projets pour aligner les flux financiers sur les engagements climatiques du pays, notamment sa Contribution déterminée au niveau national (CDN).
Bilel Sahnoun, directeur général de la BVMT, souligne que la Tunisie doit avancer vers la transition énergétique, tout en reconnaissant les défis financiers importants.
Bilel Sahnoun: » L’orientation vers l’économie verte n’est plus un choix mais une nécessité »
Dans un contexte similaire, le directeur général de la BVMT indique que l’orientation vers l’économie verte n’est plus un choix mais une nécessité urgente dans le monde, et la BVMT peut jouer un rôle essentiel en accompagnant les entreprises vers cette orientation. La Bourse de Tunis a déjà lancé un programme pour accompagner 15 entreprises cotées dans le cadre du soutien à leurs initiatives de développement de l’économie verte en Tunisie, en adoptant cette orientation au sein de ces entreprises en premier lieu.
La publication en 2022 du guide d’émission d’obligations durables et socialement responsables par le Conseil du marché financier a également stimulé cette initiative. Il convient de noter que la Tunisie s’est engagée à réduire de 45% l’intensité carbone d’ici 2030 par rapport à 2010, nécessitant un financement significatif.
De son côté, Alexandre Arrobio, représentant résident de la Banque mondiale, a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com l’importance de cette démarche pour construire un avenir durable pour l’économie tunisienne. Il a mentionné un récent rapport sur le climat et le développement en Tunisie, préparé en coopération avec le gouvernement, qui identifie les priorités pour les années à venir, notamment dans le domaine financier et des obligations vertes.
Pour sa part, Helen Winterten, ambassadrice du Royaume-Uni en Tunisie, revient sur l’importance du partenariat entre le Royaume-Uni, la Banque
mondiale et les acteurs tunisiens, qui, selon elle, est crucial pour promouvoir la finance verte en Tunisie et soutenir la croissance durable.