A l’heure où la réflexion s’oriente sur « la problématique de la Tunisie en crise transitionnelle et comment s’en sortir », nous nous proposons de publier quelques principes pour baliser la piste de la restauration de la Cohésion Sociale recherchée.
L’économie sociale de marché en Tunisie repose sur deux piliers essentiels pour assurer sa stabilité et son équité : la régulation conjoncturelle et la politique des revenus. Ces deux éléments sont cruciaux pour garantir une croissance économique durable, tout en assurant une répartition équitable des revenus pour promouvoir la cohésion sociale.
Stabiliser l’économie
La régulation conjoncturelle vise à stabiliser l’économie et atténuer les fluctuations conjoncturelles, telles que les cycles économiques, les crises financières et les chocs externes. En Tunisie, elle repose sur plusieurs instruments et politiques macroéconomiques orthodoxes, dont notamment la politique monétaire, la politique budgétaire et la politique de change.
La politique monétaire, mise en œuvre par la Banque centrale de Tunisie (BCT), vise à influencer les taux d’intérêt, la masse monétaire et le crédit pour stabiliser les prix et promouvoir la croissance économique.
La BCT utilise des outils tels que les taux directeurs, les opérations d’open market et les réserves obligatoires pour atteindre ses objectifs. Elle s’efforce également de maintenir la stabilité du dinar tunisien sur le marché des changes afin d’atténuer les fluctuations excessives du taux de change.
La politique budgétaire est un autre outil clé de la régulation conjoncturelle en Tunisie. Le gouvernement utilise la politique budgétaire pour influencer l’activité économique en ajustant les niveaux de dépenses publiques et de recettes fiscales.
En période de ralentissement économique, le gouvernement peut augmenter les dépenses publiques pour stimuler la demande globale et soutenir la croissance. En revanche, en période de surchauffe économique, il peut réduire les dépenses ou augmenter les impôts pour freiner l’inflation et éviter les déséquilibres macroéconomiques.
La politique de change est également un élément important de la régulation conjoncturelle en Tunisie, en particulier en tant que pays fortement dépendant des exportations et du tourisme.
La flexibilité du taux de change permet d’ajuster la compétitivité des exportations et des importations, ce qui peut contribuer à stabiliser l’économie en cas de chocs externes.
La Banque centrale intervient sur le marché des changes pour maintenir la stabilité du dinar tunisien et atténuer les fluctuations excessives du taux de change.
Promouvoir la cohésion sociale
Parallèlement à la régulation conjoncturelle, la politique des revenus joue un rôle crucial dans l’économie sociale de marché en Tunisie. Elle vise à garantir une répartition équitable des revenus et à promouvoir la cohésion sociale tout en assurant la compétitivité de l’économie.
Cette politique repose sur des principes de justice sociale, de solidarité et d’efficacité économique.
La négociation collective, mise en place depuis les années 80, entre les employeurs et les travailleurs est un des principaux instruments de la politique des revenus en Tunisie.
Les accords de branches et les conventions collectives jouent un rôle crucial dans la régulation des salaires et la promotion de la justice sociale en garantissant des salaires réels décents et des conditions de travail dignes pour les travailleurs.
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ENCADRE : L’importance et la gravité de la crise financière en Tunisie est largement due aux mécanismes financiers pervers qui ne sauraient occulter la dimension réelle de la déviance sociale. Les chocs violents de la répartition des revenus personnels qui est allée de pair avec l’émergence de la transition politique en 2011, a vraisemblablement créé les conditions d’une double chute de la demande et/donc de la production et de l’emploi, masquée un temps par un surendettement difficilement soutenable de la classe moyenne et des ménages pauvres.(Nous y reviendrons).
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En plus de ces instruments macroéconomiques, la régulation conjoncturelle en Tunisie repose également sur des politiques structurelles visant à renforcer la résilience de l’économie face aux chocs externes et à promouvoir une croissance durable et inclusive.
Ces politiques comprendraient des réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires, stimuler l’investissement privé, développer les infrastructures et renforcer les capacités productives.
Pour autant, la régulation conjoncturelle et la politique des revenus sont deux éléments essentiels de l’économie sociale de marché en Tunisie.
En utilisant des instruments macroéconomiques tels que la politique monétaire, la politique budgétaire et la politique de change, ainsi que des politiques structurelles et des mécanismes de négociation collective, le pays peut atténuer les fluctuations conjoncturelles, stabiliser l’économie et promouvoir une croissance économique durable et inclusive.
En renforçant et en coordonnant ces politiques, la Tunisie pourrait assurer un développement économique plus stable et un bien-être accru pour sa population.
FIN.…