Le gouvernement dispose d’une ligne de financement direct de 7 000 MTND auprès de la Banque centrale. Il peut effectuer des tirages selon ses besoins. Pour le moment, et en suivant l’évolution du compte courant du Trésor, nous pensons que cela n’a été fait qu’une seule fois, pour la somme de 1 000 MTND.
Le Trésor continue ses interventions sur le marché monétaire pour mobiliser les ressources. Une chose est certaine : les banques n’ont pas été affectées, ni de près ni de loin, par ce financement monétaire, contrairement à ce que certains ont présumé au moment de l’adoption de la loi.
Adjudications de tous types
La dernière sortie du Trésor date de mardi 26 mars, avec une adjudication de Bons de Trésor à Court Terme (BTC) sur 52 semaines de 900 MTND. Ce montant servira au remboursement de la ligne BTC 26 semaines 29/03/2024, prévue pour le 29 mars, pour 900 MTND également. C’est donc une simple opération de refinancement.
L’autre manœuvre qui se prépare est une adjudication d’échange qui concerne la ligne de Bons de Trésor Assimilables BTA 6 % Avril 2024, prévue pour le 10 avril 2023. Elle porte sur 628,500 MTND, une somme que le Trésor n’a pas l’intention de payer en intégralité. Il propose ainsi l’échange contre l’une des trois lignes suivantes :
- BTA 7,4% Février 2030;
- BTA 9,40% Août 2033;
- BTA 9,50% Août 2035.
Bien évidemment, seule une partie sera admise en échange. Le reste serait couvert par une adjudication de BTC. Il serait surprenant de voir les responsables du ministère des Finances recourir aux recettes fiscales ou au financement monétaire de la BCT pour rembourser le reliquat.
Du bon sens
Rien n’a donc changé et la machine de l’endettement interne continue à fonctionner normalement. Nous pensons que c’est du bon sens pour plusieurs raisons.
La première est que le marché fonctionne pour le moment et dispose d’une capacité encore importante, selon même les agences de notation Fitch Ratings et Moody’s. La demande de crédit par les entreprises demeure faible car la croissance n’a pas vraiment repris. Tant qu’il y a cette possibilité d’emprunter auprès des banques, il vaut mieux continuer à l’exploiter.
La seconde est que l’utilisation du financement monétaire n’est pas un passage forcé. Quoi qu’il en soit, injecter de la liquidité de cette manière a des conséquences inflationnistes. Il vaut mieux ne la solliciter qu’en cas d’extrême urgence.
Enfin, s’il est possible de ne pas épuiser complètement les 7 000 MTND, il ne faut pas hésiter à le faire. La ligne a une nature exceptionnelle, et ne pas la consommer intégralement va confirmer cette nature et donner l’impression qu’elle est une issue de dernier recours, pas une solution de facilité. Même politiquement, une telle approche facilitera l’obtention d’autres facilités dans l’avenir.
Situation confortable pour les banques
Côté banques, la machine tourne et les salles de marchés engrangent les revenus. Dans quelques semaines, nous allons écouter les critiques des détracteurs du secteur qui contesteront les chiffres du premier quart de l’exercice 2024 et les bénéfices de 2023.
Nous réitérons notre avis qu’avoir des banques solides et profitables est une condition sine qua non pour la Tunisie. L’économie est financée par ces établissements et le marché financier joue un rôle moins important qu’ailleurs. De plus, et avec le passage aux normes IFRS et la montée progressive en normes prudentielles, il faut que les banques aient des fonds propres suffisants pour que ce processus s’effectue en douceur.