Cette question a longtemps animé les débats, notamment parmi les libertariens, qui voient dans l’expansion de l’État une menace pour les libertés individuelles.
Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976 et défenseur du monétarisme, était un fervent partisan de la limitation des pouvoirs de l’État au profit de l’initiative privée. Selon lui, les crises sont souvent exploitées par l’État pour accroître son emprise, une idée qui suscite encore des débats passionnés de nos jours.
Partout dans le monde, cette méfiance envers l’État a profondément marqué l’histoire, notamment avec les guerres civiles sous tendues en partie par le refus de certaines factions de la société et/ou des régions de reconnaître l’autorité Centrale.
Aujourd’hui, cette opposition se retrouve encore au sein des partis politiques. Friedman, tout en dépassant le cadre strictement politique, allait jusqu’à accuser l’État de profiter des crises pour renforcer son contrôle, une vision qui reste pertinente à l’heure actuelle.
Cependant, les crises économiques et financières, depuis 2008 ont remis en question l’efficacité des politiques monétaires et l’interventionnisme des banques centrales. Si Friedman avait mis en avant la politique monétaire comme moyen de stimuler l’économie, les taux d’intérêt très bas limitent désormais cette possibilité. L’argent injecté dans l’économie ne peut pas à lui seul relancer la croissance, comme l’avait déjà souligné John Maynard Keynes avant Friedman.
Aujourd’hui, en Tunisie, nous sommes confrontés à une crise multiforme sans précédent qui nécessite des mesures publiques très fortes, allant à l’encontre des principes de Friedman. La Banque Centrale de Tunisie est appelée à une action coordonnée des pouvoirs publics pour limiter les effets de la dépression économique et endiguer la propagation d’une forte inflation aux effets pervers cumulatifs.
Cette opposition entre les théories de Friedman et de Keynes est plus que jamais d’actualité, et il est peut-être temps pour les décideurs politiques de se tourner vers des politiques plus interventionnistes hardies pour faire face aux défis économiques d’une transition démocratique.
Cette version clarifie les idées et les arguments tout en conservant l’essence de l’article original.
* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)