La balance commerciale de la Tunisie affiche un solde négatif de 3 054,1 MTND, significativement le meilleur sur les dernières années. Néanmoins, le diable se cache dans les détails et la réalité n’est pas tout à fait rose.
L’effet huiles d’olives
Au niveau des exportations, la hausse est de 4,3 % en glissement annuel, à 16 287,9 MTND. Elle provient essentiellement des industries agroalimentaires grâce à l’effet prix des ventes d’huiles d’olives qui ont totalisé 1 879,8 MTND au premier trimestre 2024; contre 925,2 MTND durant la même période de l’année dernière. Si l’Espagne retrouve son rythme de production habituel, les prix sur les marchés vont revenir à leurs niveaux de 2022. Le progrès est donc conjoncturel.
Même l’amélioration des exportations du secteur de l’énergie (+14,6 % à 911,5 MTND) reflète un effet de base favorable après la chute libre sur le premier quart de 2023, durant lequel les ventes énergétiques ont baissé de 31,9 % à 795,2 MTND.
A cela, s’ajoutent des exportations du secteur de mines, phosphates et dérivés en repli de 21,9 % à 600,1 MTND. Idem pour celles des textiles, habillement et cuirs qui ont accusé un recul de 10,3 % à 2 882,0 MTND.
La seule satisfaction, à notre avis, vient des industries mécaniques et électriques qui ont signé une progression de 2 % à 7 164,0 MTND. Cette proportion peut paraître faible, mais il ne faut pas oublier qu’en valeur absolue, il s’agit de la première source de devises pour le pays.
Repli…
Côté importation, une « baisse positive » devrait traduire une moindre part des produits de consommation ou alimentaires après une hausse de la production nationale. Dans notre cas, les importations se sont inscrites en baisse après le repli des achats des matières premières et demi-produits (-9.8 % à 6 435,2 MTND). Cela signifie une industrie productive qui tourne plus lentement, donc une croissance décevante à venir.
Les importations des produits énergétiques ont augmenté de 21,7 % à 3 854,8 MTND, reflétant le manque de production nationale plutôt que des usines qui tournent à plein régime.
Cependant, les achats des biens de consommation ont baissé de 1,3 % à 4 101,3 MTND. Alors que ceux des biens d’équipement ont évolué de 2,5 % à 3 114,6 MTND. Ce sont de bons signes qui confirment qu’au moins les moteurs de la consommation et de l’investissement de remplacement fonctionnent encore.
Reste à indiquer qu’une balance commerciale dont le déficit est maîtrisé est une condition sine qua non pour l’équilibre de la balance des paiements et la préservation des avoirs en devises en ces moments difficiles.
En même temps, il faut penser sérieusement à la relance de la croissance. Historiquement, la Tunisie a enregistré les meilleures hausses de PIB lorsque sa balance commerciale était déséquilibrée.